L’ancien président de la République Nicolas Sarkozy symbolise à lui seul le soupçon de corruption généralisée qui pèse sur notre vie politique. Un sentiment à la fois prégnant et diffus chez nos concitoyens, qui nourrit la « République du soupçon »[1], celle d’une défiance à l’endroit de la crédibilité d’élus présumés corrompus. Ainsi, selon le récent baromètre de la confiance politique par le CEVIPOF, 71% des personnes interrogées considèrent que les élu(e)s et les dirigeant(e)s politiques français sont plutôt corrompu(e)s[2] … De quoi saper leur propre légitimité et les fondements mêmes de notre démocratie dite représentative.
Corruption et politique
La notion de corruption politique et l’ensemble des pratiques qu’elle recouvre demeurent difficiles à saisir, compte tenu des variations culturelles dans la hiérarchie des valeurs, dans la frontière entre le public et le privé, dans la conception plus ou moins laxiste des élites et de l’opinion publique. Yves Mény définit la corruption comme « un échange clandestin entre deux “marchés”, le “marché politique et/ou administratif” et le marché économique et social. Cet échange est occulte car il viole des normes publiques, juridiques et éthiques et sacrifie l’intérêt général à des intérêts privés (personnels, corporatistes, partisans, etc.). Enfin, cette transaction qui permet à des acteurs privés d’avoir accès à des ressources publiques (contrats, financements, décisions…), de manière privilégiée et biaisée (absence de transparence, de concurrence) procure aux acteurs publics corrompus des bénéfices matériels présents »[3]. Cette définition générale permet de caractériser un phénomène qui oscille entre ce qui est formellement illégal et ce qui relève moralement de la corruption politique au regard des citoyens.
Aristote est l’un des premiers à user du mot « corruption » et à penser la chose. Il associe la corruption à la dégradation et à la mort, lien dont héritera la philosophie politique moderne. Aristote décrit la cité corrompue à travers le critère de la prévalence des fins et aspirations particulières aux dépens du bien commun. Le déséquilibre ainsi créé est à l’origine de la stasis, notion équivoque chez Aristote – mais déjà mobilisée par Thucydide, dans la Guerre du Péloponnèse (III, 82) pour viser les phénomènes qui sapent les fondements de la cité et amènent à sa décadence – qui renvoie à une situation de…
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Auteur: Nabli Béligh