Les événements récents autour du rejet de la loi immigration ont donné au Rassemblement national l’occasion de faire bruyamment entendre ses revendications politiques, comme la dissolution du gouvernement. Fort d’un grand nombre d’élus à l’Assemblée nationale, le parti lepéniste peut aussi compter sur un nombre important de transfuges politiques, autrement dit des convertis, parfois sur le tard, à l’extrême droite.
Qu’il s’agisse de Sébastien Chenu (venu de l’Union pour un mouvement populaire), de Julien Odoul (venu du centre), de Laurent Jacobelli (venu de Debout ! La France), ou encore de Franck Allisio ou de Philippe Ballard (qui viennent aussi, tous deux, de la droite), ces profils interrogent, comme ils questionnent plus largement la légitimation du RN.
En effet, nombre d’explications rapides et normatives sont régulièrement convoquées pour saisir ce phénomène : qu’il s’agisse de la la porosité importante entre les électorats « de gauche » et ceux de « Marine » ou de l’équivalence des « extrêmes » (gauche et droite). Mais on évite généralement de penser un des faits empiriques parmi les plus flagrants : celui de l’importante porosité de la droite à l’extrême droite contemporaine, qu’il s’agisse des professionnels de la politique ou des électorats, comme cela a déjà été souligné par les sociologues du vote.
La « normalisation » du « Front » par des recrutements de professionnels venus de la droite, qui sont d’ailleurs bien médiatisés, mérite de fait attention car ils sont le signe d’un renouvellement (partiel) des équipes dirigeantes du RN et en disent long sur l’acceptabilité d’un engagement public à l’extrême droite aujourd’hui. Que nous disent du RN ces recrutements ? Sont-ils politiquement pluriels ? Sont-ils désintéressés ?
Un nécessaire recul historique
Il faut d’abord prendre un nécessaire recul historique sur les porosités…
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Auteur: Safia Dahani, Post-doctorante en sociologie, EHESS, CESSP, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne