De la mort à la littérature

Le 14 février 1989, Seyyed Ruhollah Khomeini émet une fatwa, invitant les musulmans du monde entier à assassiner Salman Rushdie : « Je voudrais informer les musulmans courageux du monde entier que l’auteur du livre « Les Versets sataniques », qui a été compilé et publié contre l’Islam, le Prophète et le Coran, et les éditeurs qui connaissent son contenu sont tous condamné à mort. J’appelle les musulmans courageux à les exécuter immédiatement, partout où ils se trouvent, afin que personne n’ose insulter la sainteté des musulmans, et quiconque est tué de cette manière est un martyr, si Dieu le veut. De plus, si quelqu’un a accès à l’auteur du livre mais n’a pas le pouvoir de l’exécuter, il doit le présenter au peuple pour qu’il soit puni pour ses actes. »
Quelques mois auparavant, le même Khomeini avait signé la condamnation à mort des milliers de prisonniers politiques en Iran.

Selon toute vraisemblance, Khomeini, déjà malade, et qui allait mourir quelques mois plus tard, sans avoir lu Les Versets sataniques, il encourage le meurtre de son auteur. Des milliers de personnes à Londres, au Pakistan, en Inde, à Téhéran, suivent la pensée de Khomeini pour mieux anéantir le livre.

C’est dans ce contexte que Maurice Blanchot publie un court texte pour insister sur l’importance du livre. Parham Shahrjerdi revient sur ces événements et retrace les origines du fascisme en Iran.

De la mort à la littérature

S’il t’est arrivé quelque chose, comment puis-je supporter d’attendre de le savoir pour ne pas le supporter ? S’il t’est arrivé quelque chose — même si cela ne t’arrive que bien plus tard, et longtemps après ma disparition — comment n’est-ce pas insupportable dès maintenant ? Et, c’est vrai, je ne le supporte pas tout à fait.
Maurice Blanchot

 »

J’ai une propension à croire souvent que la mort est là, à portée de ma vie.
Marguerite Duras

Maurice Blanchot publie, en 1993, un texte court intitulé L’Inquisition a détruit la religion catholique. Je le cite pour commencer :

« L’inquisition a détruit la religion catholique, en même temps qu’on tuait Giordano Bruno. La condamnation à mort de Rushdie pour son livre détruit la religion islamique. Reste la Bible, reste le judaïsme comme le respect d’autrui de par l’écriture même.
Écrire, c’est par la passivité se tenir déjà au-delà de la mort
— une mort qui établit fugitivement une recherche de l’Autre, un rapport sans rapport avec autrui.
J’invite chez moi Rushdie (dans…

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Auteur: lundimatin