De la neutralité axiologique à l'université

Honoré Daumier. — « Pot de vin, arrestations arbitraires, mitraillades, transnoninades, Mr. couvre tout de son manteau », Le Charivari, 1834.

L’affaire des caricatures de Mahomet fait une autre victime, ni individuelle ni physique mais morale et collective : l’université française. En crise depuis plusieurs décennies, même si elle est maintenue à « bas bruit » par la stratégie du « pas de vagues » des présidents d’université et de l’administration ministérielle, le corps enseignant semble au bord de la guerre civile. En cause, l’« islamo-gauchisme » dénoncé par un ministre et des universitaires versus l’« islamophobie » de l’État. Ce n’est pas le seul sujet de fracture alors que de nouvelles orientations ont fait leur entrée dans les cursus : études de genre qui seraient une couverture du militantisme néoféministe, études postcoloniales qui seraient un nouveau militantisme tiers-mondiste etc. Les accusateurs suggèrent dès lors un contrôle des enseignements. Les accusés s’abritent derrière les franchises universitaires et la liberté constitutionnelle des universitaires. Pour sortir d’un affrontement pernicieux, disons que la liberté académique n’a jamais inclus la liberté de tout dire. Il n’est ainsi pas permis de tenir des propos négationnistes à l’abri de la chaire. Mais elle n’implique pas non plus l’autocensure : un ancien ministre de l’éducation nationale ne suggérait-t-il pas d’utiliser une caricature de Louis Philippe transmué en poire pour réfléchir sur la liberté d’expression aujourd’hui ?

Lire aussi Alain Deneault, « Cabale au Canada », Le Monde diplomatique, octobre 2020.

Dans ce conflit politique classique, la tension a pris un tour détestable puisqu’elle met en cause la transmission des savoirs et les étudiants. On n’a pas besoin de les citer pour établir que certains enseignements universitaires relèvent…

Auteur: Alain Garrigou
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