De la Sierra Leone à l'Afrique du Sud, questions sur les bienfaits de l'électricité turque

Une centrale électrique flottante de Karpowership sur la côte de Freetown, Sierra Leone, septembre 2021

La Sierra Leone, un pays de plus de huit millions d’habitants, souffre de l’un des plus faibles taux d’accès à l’électricité en Afrique subsaharienne : 26 % de la population en moyenne nationale, dont seulement 5 % des ruraux. Six centrales électriques — huit thermiques et deux hydrauliques —, un parc solaire privé et environ 35 000 générateurs assurent le minimum vital. Le pays, qui dépend de l’extraction énergivore du minerai de fer, doit importer une partie de son électricité du voisin ivoirien. La puissance installée du parc de production électrique national s’élève à 80 mégawatts (MW). Pour répondre à la demande, Freetown, capitale, plus d’un million d’habitants, aurait besoin de 120 MW.

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Le gouvernement du président Julius Maada Bio, réélu en juin 2023, a contracté, depuis 2018, le groupe turc Karpowership, détenu par la holding Karadeniz Energy, pour parer en urgence à ce défi. L’entreprise, basée à Istanbul, est spécialisée dans la location de centrales électriques flottantes, rapides à monter comme à déployer. En 20 ans, Karpowership est devenue le leader mondial de ces navires marchands reconvertis qui voguent jusqu’à leur destination pour être raccordés au réseau électrique local.

Naturellement, l’entreprise est aussi devenue une ambassadrice d’Ankara sur le continent, aux côtés du groupe de bâtiment et des travaux publics (BTP) Summa et de sociétés de défense parapubliques. En janvier 2020, le directeur de Karpowership, Orhan Karadeniz, figurait ainsi parmi le petit cercle d’oligarques entourant le président Erdogan lors de sa dernière tournée en Afrique…

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Auteur: Jean-Christophe Servant