De la société de contrôle dans l'espace public

Cet article est tiré d’un travail de recherche intitulé Figures contemporaines de la gouvernance spatiale et qui questionne globalement les rapports entre espace public et contrôle sécuritaire. D’entendre sa sujétion à l’application d’un système est toujours un exercice déplaisant, il est pourtant hautement nécessaire en ce que l’appropriation des moyens – et donc des fins – ne peut se faire sans la conscience éclairée de ceux-là mêmes. Ce travail a souhaité entendre la traduction spatialisée des méthodes d’exercice du pouvoir dans l’espace public. D’aucuns pourront voir là une besogne paranoïaque : il ne s’agit pourtant pas de dresser une eschatologie de l’espace public mais bien de relever les processus d’organisation et de contrôle sous-jacents que la ville entend exercer sur celui qui l’habite. D’idéologie, cette recherche n’a prétendu qu’à une : l’espace public intéresse la vie.

Le cadre urbain a toujours dû traiter de l’insécurité en son sein, en tant qu’il est l’espace privilégié de l’expression sociale et politique des individus. La permanence du discours sur l’insécurité urbaine date d’avant le Moyen-Âge et a toujours vu la ville comme un espace ambivalent de protection contre un extérieur et d’insécurité de la part d’un intérieur. De notre siècle, ces aménagements ne s’exhibent plus que rarement ; leur efficacité est d’autant plus grande qu’ils s’intériorisent en système. La nature de l’insécurité et, en parallèle, la stratégie pour la traiter, ont muté significativement au cours des dernières décennies. On a vu en réaction les acteurs de la ville déployer tout un attirail de dispositifs sécuritaires ; la clôture s’est vu considérablement multiplié dans l’espace public, le logement se replie sur lui-même au travers de croissantes opérations de résidentialisation, les espaces de transport et la plupart des équipements adoptent des dispositifs de contrôle et de surveillance jusque-là réservés à des lieux militarisés. La multiplication toujours plus effrénée de ces agencements et dispositifs dénote une logique sécuritaire prenant de plus en plus le pas sur la conception de l’espace public. A transformer le lieu premier et essentiel d’appropriation du peuple, la logique sécuritaire a changé beaucoup de ce qu’était et devait être le souci d’urbanité de notre paysage quotidien.
 Cette nouvelle logique urbaine répressive…

La suite est à lire sur: lundi.am
Auteur: lundimatin