De l'économie de pacotille à une fausse vision de l'histoire : là où la civilisation occidentale s'est fourvoyée — Michael HUDSON

Une présentation de la conférence : Building Bridges around David Graeber’s Legacy à Lyon, Vendredi 7 juillet 2022.

Il peut sembler étrange d’inviter un économiste à prononcer le discours d’ouverture d’une conférence de sciences sociales. Les économistes ont été décrits comme autistes et anti-sociaux par la presse populaire pour de bonnes raisons. Ils sont entrainés à penser abstraitement et à utiliser une déduction a priori – basée sur comment ils pensent que les sociétés devraient se développer. Les économistes du courant dominant d’aujourd’hui considèrent la privatisation néolibérale et les idéaux du libre marché comme étant ce qui apporte les revenus de la société et la richesse nécessaires pour atteindre un équilibre optimal sans le moindre besoin de régulation de l’État – et particulièrement pas de régulation du crédit et de la dette.

Le seul rôle reconnu pour l’État est de faire appliquer le « caractère sacré des contrats » et la « sécurité des biens ». Par cela, ils veulent dire l’imposition de contrats de dette, même quand leur mise en place exproprie un large nombre de propriétaires endettés et de propriétaires d’autres types de biens. C’est l’histoire de Rome. Nous voyons la même dynamique de dette en action aujourd’hui. Pourtant cette approche basique a mené les économistes dominant à insister en disant que la civilisation avait pu et avait dû suivre cette politique pro-crédit depuis son propre commencement.

La réalité est que la civilisation n’aurait jamais décollé si quelque économiste du libre marché s’était introduit dans une machine à remonter le temps pour se rendre cinq mille ans en arrière, à l’époque du Néolithique et de l’Age de Bronze. Supposez que cet économiste ait pu convaincre des anciens chefs ou dirigeants sur comment organiser leurs échanges, l’argent et la gestion des terres sur la base de « la cupidité est une bonne chose » et tout régulation publique est mauvaise. Si quelque Milton Friedman ou Margaret Thatcher avait persuadé les Sumériens, Babyloniens et autres anciens dirigeants de suivre la philosophie néolibérale d’aujourd’hui, la civilisation n’aurait pas pu se développer. Les économies se seraient polarisées – comme Rome l’a fait et comme le font aujourd’hui les économies occidentales. Les populations auraient fui ou bien auraient soutenu un réformiste local ou un révolutionnaire pour renverser le dirigeant écoutant de tels avis économiques. Ou elles auraient accueilli des…

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Auteur: Michael HUDSON Le grand soir