Est-ce que la participation de Jean-Marie Le Pen à l’Heure de vérité, le 13 février 1984, a été un élément déterminant dans la propagation des idées du Front national ?
Oui, mais un élément parmi d’autres. Ce qui a rendu possible le phénomène médiatique et les succès électoraux qui ont suivi, ce n’est pas tant l’invitation en elle-même que la démission des journalistes qui l’interviewaient, et qui le plus souvent, sous couvert de « neutralité », se sont abstenus de tout fact-checking, et ont laissé le leader d’extrême droite dérouler son discours sans debunker ses grossiers mensonges (sur les chiffres de l’immigration, son prétendu lien avec l’insécurité, le chômage ou les déficits des comptes sociaux). Ils auraient pu le faire sans sortir de leur rôle de journaliste, ils auraient même dû le faire pour rester des journalistes – et ne pas devenir de simples porte-voix qui, en ne disant mot, consentent au mensonge xénophobe.
L’exposition médiatique du FN/RN lui profite-t-il de facto ?
Elle lui profite assurément, dès lors qu’aucun interviewer, ou quasi, ne fait ce travail consistant à opposer non pas un parti-pris à un parti-pris, mais la réalité des faits à des mensonges anxiogènes et stigmatisants. Tout récemment encore, j’entendais sur France Inter Jordan Bardella prétendre qu’il existe une « préférence étrangère » dans l’attribution des logements sociaux, sans que son intervieweuse Léa Salamé n’apporte la moindre contradiction à ce mensonge patent, grossier et particulièrement pervers – puisqu’il incite à la rancoeur et à la haine contre les étrangers. Qui ne dit mot consent, donc qu’elle le veuille ou non, en tant que journaliste, Léa Salamé valide, par son silence, l’affirmation mensongère et haineuse de Jordan Bardella. Elle le valide encore plus lorsque, à la demande d’un auditeur, elle valide explicitement le chiffre cité (une proportion…
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Auteur: Pierre Tevanian