Clapiers (Hérault), reportage
L’oreille penchée, Jean-Michel Mousseau écoute la roue tourner, en quête d’un éventuel frottement. « C’est grave docteur ? » plaisante Manu, propriétaire du vélo ausculté. Regard pétillant derrière ses binocles rouges, le réparateur secoue la tête. Trois tours de clé Allen, un coup de pompe et quelques gouttes d’huile sur la chaîne… Voilà la bicyclette de nouveau prête à sillonner les chemins héraultais. « Vous lui avez donné une seconde vie », se réjouit le client.
À soixante ans passés, Jean-Michel Mousseau se dit « cyclologue ambulant ». Comprenez : réparateur de vélos… à vélo. Qu’il pleuve ou qu’il cogne, il arpente les rues de la métropole montpelliéraine sur son cargo à deux roues. Un quotidien bien éloigné du métier qu’il exerçait quatre ans plus tôt. Pendant près de trente-cinq ans, l’homme a été ingénieur automobile chez Stellantis.
En 2020, un déclic écolo
« Fana de rallye » depuis l’enfance, il bidouillait à 20 ans des Golf GTI pour dévaler les routes à toute berzingue. Sa formation de physico-chimiste en poche, il a donc « naturellement cherché un boulot dans l’industrie auto » alors florissante. En 1987, il est entré chez Citroën, du côté de la conception des moteurs. « Je n’ai plus quitté la maison, j’adorais ce travail », s’étonne-t-il encore.
En même temps que l’entreprise grossissait, il a gravi les échelons et changé de service — analyse de la concurrence, fabrication des cockpits, etc. « Jusqu’au déclic », au tournant des années 2020. « Il y a eu quelque chose de l’ordre de la prise de conscience écologique. On avait beau faire de notre mieux, on continuait de produire des engins qui brûlent du pétrole. »
Surtout, le groupe PSA a fusionné en 2021 avec l’étasunien Fiat Chrysler, pour former le géant automobile Stellantis. « C’est devenu une très grosse…
Auteur: David Richard, Lorène Lavocat