De Pompidou à Macron, les dirigeants ont fait le choix du chômage

Pour justifier sa dernière réforme de l’assurance-chômage, le président Macron invoquait en juillet la nécessité de renouer avec le sens du « mérite ». Mais, avant de rogner sur le montant des indemnisations et l’accès à l’ouverture des droits au chômage, a-t-il tout tenté pour inverser la courbe passée de 1 million de chômeurs en 1977 à plus de 6 millions aujourd’hui ? Et, d’ailleurs, les précédents gouvernements de la Ve République l’ont-ils fait ?

Pour répondre à cette question, trop rarement posée à leur goût, le journaliste d’investigation Benoît Collombat et le dessinateur Damien Cuvillier ont enquêté durant trois ans et demi, livrant leur travail dans une bande dessinée, Le Choix du chômage — De Pompidou à Macron, enquête sur les racines de la violence économique (éd. Futuropolis). Au gré d’un scénario riche et vivant, qui entrelace entretiens avec des personnalités politiques et intellectuelles variées, et reconstitutions historiques, elle entraîne le lecteur dans la coulisse de l’Histoire. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, deux perspectives politiques s’ouvraient à l’Occident : celle de l’État social et de la coopération entre les nations, et celle d’un renouvellement du libéralisme, qui prônait un État au service du marché et une mondialisation concurrentielle.

Durant trente ans, c’est plutôt la première qui l’a emportée. Mais l’idéologie dite néolibérale s’est imposée à partir des années 1960. Impossible de raconter ici toutes les étapes de cette histoire — le gouvernement de Raymond Barre soutenu par Valéry Giscard d’Estaing, de 1976 à 1981, puis le ministère de Jacques Delors à l’Économie soutenu par François Mitterrand, de 1981 à 1984, notamment. Mais il est clair à la lecture de cette quarantaine de témoignages que tous les gouvernements de la Ve République ont contribué à la transformation néolibérale de l’État, à l’origine de la hausse régulière du chômage : la barre du million de chômeurs a été franchie en 1977, celle des 2 millions en 1983, des 3 millions en 1993… Des acteurs influents de cette histoire le reconnaissent, comme Jean-Pierre Chevènement ou Jacques Delors.

Le Choix du chômage Cuvillier-Collombat © Éditions Futuropolis

Pour ne citer que quelques exemples, l’État a perdu sa tutelle sur les questions monétaires, et, d’investisseur, est devenu investi par les grands détenteurs d’épargne, les banques surtout, jusqu’à l’endettement qu’on lui connaît…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Catherine Marin Reporterre