« De quelle écologie parle-t-on ? » : la « génération climat » passée à la loupe

Yann Le Lann est maître de conférence à l’Université de Lille. Il est par ailleurs coordinateur d’un collectif de sociologues, Quantité critique, né en 2018, dans le sillage des premières marches pour le Climat, pour mener une analyse quantitative, en immersion, des mouvements sociaux contemporains en prise avec l’écologie.

Associé à Arte dans le cadre du programme « Il est temps », qui présente plusieurs documentaires consacrés aux mobilisations des nouvelles générations, ce collectif a pu mener une étude de grande ampleur. Sur la base du volontariat, près de 400 000 personnes dans une dizaine de pays différents ont répondu à un questionnaire en ligne, comprenant 150 questions visant à définir un contour plus précis de notre rapport à l’écologie. Yann Le Lann présente ici les premiers résultats, tirés de 35 000 questionnaires exclusivement français.

Basta ! : Quels premiers enseignements tirez-vous de cette étude, toujours en cours ?

Yann Le Lann : Le premier enseignement, c’est que l’urgence saisit une très grande majorité des répondants, la crise climatique apparaissant comme une cause fondamentale à l’intérieur de cette urgence. Pour autant, il existe de nombreux désaccords sur les solutions à apporter et les façons de résoudre ce problème. C’est le principal résultat que j’en retiens : partager le constat d’alerte ne suffit pas à partager la même réponse. Parmi tous ceux qui considèrent qu’il y a une nécessité d’agir, il n’y a pas pour autant une communauté d’action ou un horizon commun. Il faut aller au-delà du récit d’une « génération climat » homogène, pour prendre au sérieux les nuances importantes et les conflits d’orientation qui la traverse. Notre enquête affine ce que les enquêtes d’opinion ont souvent tendance à regrouper sous une seule et même bannière.

Autrement dit, la démocratisation de la question écologique entraîne des visions…

Auteur: Barnabé Binctin
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