De quoi la mort du Ravi est le nom

En réaction à la disparition du Ravi, mensuel régional satirique d’investigation sévissant dans le sud-est depuis près de 20 ans, on aura tout eu : hommage d’anciens pigistes, soutien de dessinateurs et des acteurs de l’éducation populaire, un tweet d’Edwy Plenel, un mail de Xavier Niel, retours plus ou moins surprenants d’élus écologistes mais aussi frontistes (!), des papiers dithyrambiques dans l’Huma, La Provence, Mediacoop… et même « Sk8er Boi » d’Avril Lavigne chanté à tue-tête vers 6 heures du matin des derniers forcenés de l’apéro d’enterrement.

Mais pas l’once d’une réaction (à une poignée d’exceptions près) de la mairie « divers gauche » de Marseille. Le paiement à la dernière minute de la facture des actions d’éducation aux médias menées cet été dans les 4ème et 5ème arrondissements aura tout de même permis d’honorer les dernières factures et d’imprimer un ultime numéro de 4 pages pour annoncer que le « journal qui ne baisse pas les bras » jette l’éponge.

L’association La Tchatche, éditrice du titre, a été liquidée le 20 septembre, les six salariés n’ont plus qu’à traverser la rue pour trouver du travail. Lors de l’audience, le 13 septembre, la juge ne cache pas son étonnement : « Le journal existait depuis 19 ans ?! Quand même ! » le Ravi : un vétéran.

Pourtant, à l’origine de ce canard mêlant le sérieux de l’investigation et l’outrance du dessin de presse, ce ne sont pas des journalistes mais des chercheurs, des sociologues voulant combler un vide dans une région aux allures de vivier pour qui aime à porter la plume dans la plaie : corruption, extrême droite, gestion singulière de l’urbanisme, de l’environnement, de la culture… D’où l’idée d’un journal à l’image de ce personnage de la crèche, une sorte de benêt qui n’hésite pas à mettre les pieds dans le plat.

La Une du « n°0 » annonce la couleur avec une bouteille de détergent. Ça grince sévère ! La Tchatche a pour ambition d’animer « la vie démocratique ». Grâce au mensuel mais aussi en s’invitant dans l’espace public, avec des débats, des festivals… Et en animant des ateliers d’éducation aux médias et de journalisme participatif, en milieu scolaire, en prison, dans des centres sociaux.

Mais la vie du Ravi n’est pas un long fleuve tranquille et, très vite, les appels à soutien fleurissent. En 2009, en Une du numéro 68, on peut lire : « Il doit y avoir un Ravi à Noël ! » Des appels, de plus en plus…

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Auteur: Sébastien Boistel Acrimed