De quoi Zemmour est-il le symptôme morbide ?

Publié initialement dans la revue Contretemps – Revue critique communiste

Face à la progression sondagière d’Éric Zemmour, certain-es sont enclin-es à gauche à penser qu’il n’y a là qu’une bulle médiatique et à faire le dos rond en attendant, ou en espérant, qu’elle explosera d’elle-même. On pourrait aussi se contenter d’y voir une énième manifestation de ce « pétainisme transcendantal » dont parlait Alain Badiou : une « forme historique de la conscience des gens, dans notre vieux pays fatigué, quand le sourd sentiment d’une crise, d’un péril, les fait s’abandonner aux propositions d’un aventurier qui leur promet sa protection et la restauration de l’ordre ancien ». Le problème, c’est que cette caractérisation développée par le philosophe à propos de Sarkozy pourrait s’appliquer à de nombreux hommes politiques qui posent en sauveurs, aussi bien à Macron qu’à Zemmour et Le Pen. Elle ne nous aide donc guère à saisir le sens spécifique de l’ascension résistible – du moins à ce stade – d’Éric Zemmour.

Notre point de vue, c’est qu’elle exprime certaines des grandes tendances de la politique française. Or, celles-ci préexistaient à Zemmour, ne sont pas près de disparaître (comme certains imaginaient que la progression de l’extrême droite avait été stoppée par les mauvais scores du FN/RN aux dernières élections régionales) et il nous faudra bien les affronter, quoi qu’il advienne de sa probable candidature à l’élection présidentielle. La transformation (en cours) du capital médiatique de Zemmour en capital politique pose toutefois de nouveaux problèmes – et crée de nouvelles menaces – comme on va le voir. Le succès qu’elle rencontre actuellement rappelle en outre – dans le contexte spécifique à la France – des dynamiques que l’on a vues à l’œuvre ces dernières années dans d’autres pays, en particulier les États-Unis et le Brésil, où des personnages aussi grotesques que dangereux (Trump et Bolsonaro) sont parvenus à bousculer les organisations de droite et à conquérir le pouvoir par la voie électorale.

On se propose donc ici de fournir quelques clés de lecture du « zemmourisme », étant entendu que – contrairement aux prétentions du « grand homme » et à ce qu’imaginent ses adorateurs – ce n’est pas dans sa personnalité, son esprit ou son talent qu’il faut chercher la source du succès sondagier que l’on observe actuellement. Au contraire, la nullité du personnage nous ramène en quelque sorte à…

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Auteur: IAATA