De Saigon à Kaboul

Les Talibans sont aux portes de Kaboul. L’Armée Nationale Afghane s’est effondrée en quelques semaines, à la surprise des Occidentaux qui s’attendait à ce qu’elle tienne au moins un peu plus. Keith Taylor, un des historiens américains les plus éminents du Viêt-Nam vient tirer le parallèle entre « la chute de Saigon » avec la prise de Kaboul, imminente, par les talibans.

Il est loin d’être le seul à être rappelé à ses vieux démons par la récente tournure des événements. Sur France 24, les références au 30 avril reviennent en boucle dans toutes les prises de paroles d’experts, qui prennent eux le soin de bien distinguer les deux événements. La priorité c’est d’évacuer les Occidentaux encore sur place et aussi peut-être les quelques milliers de leurs collaborateurs que l’on jugera digne d’obtenir un visa après des années de service durant cette guerre civile. Des milliers de soldats américains et britanniques ont déployés pour protéger l’aéroport de Kaboul et assurer une évacuation en bon ordre. Le chiffre de 30 000 personnes a été avancé concernant les évacués à venir. On parle de ceux qui votent avec leurs pieds comme en 1954, en 1973 ou en 1975 et après. Joe Biden prend des airs de Graham Martin lorsque son administration affirme que Kaboul ne faisait pas face à une menace imminente. Comme le général Duong Van Minh en son temps, le président afghan Ashraf Ghani croyait encore qu’il sera possible de négocier une paix avec ceux qui disposent maintenant d’une écrasante supériorité militaire. Il a « affirmé tout mettre en œuvre pour trouver rapidement une solution politique garantissant la paix et, la stabilité dans le pays » selon Le Monde du 14 août. Le lendemain, on annonçait qu’il avait secrètement quitter le pays. On n’aura même pas eu le temps d’imaginer une solution de « réduit autour de Kaboul » comme Nguyen Van Thieu avait imaginé un « réduit sud-vietnamien ». Sans surprise mais avec raison, les journaux officiels vietnamiens ne reprennent eux pas du tout ce parallèle entre la « libération » de Saigon en 1975 et la « chute » de Kaboul en 2021. Il serait de mauvais goût de remuer le couteau dans une plaie encore douloureuse même 50 ans après et encore plus de mettre sur le même plan les troupes révolutionnaires vietnamiennes de 1975 guidées par la célèbre maxime de l’Oncle Ho (« Il n’est rien de plus précieux que la liberté et l’indépendance ») et les fondamentalistes islamistes qui s’apprêtent à…

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Auteur: lundimatin