De virus illustribus – Un an et demi après

Un an et demi après le premier confinement lié à la pandémie de covid 19, Saudrine Aumercier, psychanalyste et membre du collectif des éditions Crise et critique, tente de clarifier la situation actuelle. L’année passée, elle avait analysé à chaud la manière dont le capitalisme se confrontait au coronavirus dans un ouvrage colelctif intitulé De virus illustribus. Trois idées lui importent, reprises ici : l’économie était déjà en crise avant l’arrivée du Covid ; l’État et le marché sont interdépenants, donc la crise économique prolongée implique celle de l’État providence ; la « relance » ne se comprend alors que comme maintient à flot de l’économie. De là, elle balaye efficacement toutes sortes d’illusions politiciennes ou économistes qui rejaillissent en ces temps de primaires et autres élections. Car « ce n´est pas à la « régulation » de l´économie mais à sa fin qu´il faut songer ».

Le livre De virus illustribus a été écrit à chaud pendant le confinement de mars-avril 2020 par quatre personnes qui participent au courant théorique dit de la critique de la valeur. Je pense que beaucoup de gens sont d´accord pour dire que le premier confinement avait quelque chose de particulier, d´inouï, d´historique. Subjectivement, beaucoup l´ont ressenti comme un moment de sidération : ils étaient du jour au lendemain apparemment libérés de la pression à travailler, courir partout, être partout à la fois, multiplier les rendez-vous, consommer, optimiser ses performances à l´école comme au bureau, soigner sa réputation, etc. Les rues étaient vides et on entendait dire que la moitié du monde venait d´être mise à l´arrêt. Cela ressemblait à un film de science-fiction. Il est évident que ceux qui ont tout perdu et dont la vie est devenue encore plus précaire n´ont certainement pas la même appréciation de ce moment.

Mais même pour les privilégiés qui avaient bénéficié d´une sorte de pause dans leur vie trépidante (avec notamment la mise en place de mesures de chômage partiel), même pour eux, le sentiment initial n´a plus jamais été le même par la suite et c´est plutôt une longue dépression qui s´est ensuite installée. Les épisodes ultérieurs ne méritent à vrai dire même pas le nom de confinement au sens qu´il avait pris la première fois. C´était plutôt des semi-confinements, des couvre-feu partiels, des interdits de sortir qui signifient des obligations de travailler, des fermetures qui sont en même temps des ouvertures, des négociations avec…

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Auteur: lundimatin