Débâcle pour les « partis de l'ordre » au Chili

Pendant les manifestation d’octobre 2019 à Santiago / cc0 Elias Arias.

Surprise électorale, débâcle des partis traditionnels, « nuit des longs couteaux » au sein de la droite, début de la fin pour les héritiers de Pinochet, énorme défaite du président Sebastián Piñera — qui l’a reconnu lui-même —, victoire du mouvement populaire… Depuis hier soir, la presse chilienne multiplie les superlatifs pour cerner le séisme politique qui vient de secouer la cordillère des Andes, du désert d’Atacama jusqu’aux terres froides de la région de Magellan. Les Chiliens étaient appelés aux urnes samedi 15 et dimanche 16 mai pour quatre scrutins simultanés : maires, conseillers municipaux et gouverneurs régionaux devaient être renouvelés et une convention constitutionnelle élue afin de rédiger une nouvelle constitution de la République.

Personne, surtout pas les instituts de sondages, n’avait anticipé un tel bouleversement, même si l’isolement de l’exécutif était patent et le rejet de la « caste » politique massif depuis des années. Malgré la puissance de la révolte populaire d’octobre 2019 et son impact sur l’ensemble du paysage institutionnel, on pouvait être assez circonspect quant aux transformations provoquées par cette séquence électorale.

Lire aussi Franck Gaudichaud, « Au Chili, le pari de la Constitution », Le Monde diplomatique, avril 2021.

L’attention était particulièrement centrée sur les élections à la convention constitutionnelle, élections arrachées de haute lutte et destinées à mettre fin à la Carta Magna néolibérale édictée il y a 41 ans, durant la dictature. Nature du système électoral privilégié pour ces élections, unité de la droite et de l’extrême droite sous une seule bannière (celle de « Chile Vamos »), pacte signé au sein du Parlement pour s’assurer que la future constitution soit validée par une majorité qualifiée des deux-tiers, prédominance financière et médiatique des principaux partis qui ont gouverné le pays depuis trente ans, difficultés rencontrées par les militants issus du mouvement social pour légaliser leur candidature, grande fragmentation du camp indépendant et atermoiements de la gauche, sans parler de la pandémie et de la crise économique… : les obstacles étaient légions.

Les résultats électoraux d’hier changent profondément la donne au Chili

Néanmoins, les résultats électoraux d’hier changent profondément la donne. Tout d’abord, en ce qui…

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Auteur: Franck Gaudichaud