Débarquement de Normandie : le rôle méconnu des gendarmes

L’histoire du Débarquement du 6 juin 1944, dont nous fêtons le 80e anniversaire, est aujourd’hui bien connue. La publication récente de la somme de l’historien anglais Peter Caddick-Adams en est la meilleure illustration. Des acteurs importants demeurent pourtant dans l’ombre de l’historiographie : les gendarmes. Les archives et les témoignages montrent que non seulement ils continuent leur service dans des conditions effroyables, mais ils contribuent à faciliter les opérations du jour J avant de s’engager spontanément dans la bataille pour la Libération.

À la veille du Débarquement, les unités de gendarmerie installées en Normandie se situent dans une situation particulièrement complexe. L’enjeu stratégique de la région, face à l’Angleterre, conduit les Allemands à la sur-occuper et à la verrouiller en limitant drastiquement les déplacements de la population, avec toutes les conséquences économiques que cela engendre.

Les gendarmes normands, répartis au sein des cinq compagnies (Seine-Inférieure, Eure, Calvados, Manche, Orne) de la légion de gendarmerie de Normandie à Rouen, seuls militaires français armés, sont écartelés entre les directives d’un État français moribond et les exigences incessantes des Allemands. Outre leurs missions traditionnelles, ces gendarmes sont ainsi contraints d’exécuter la politique de collaboration mise en œuvre par le gouvernement de Vichy qui se caractérise par des missions aussi ingrates qu’impopulaires, telles que, par exemple, les gardes statiques, les traques des Juifs et des réfractaires au Service du Travail Obligatoire ou la garde des camps d’internement.

Résister et se préparer

La radicalisation de la collaboration pousse progressivement certains gendarmes sur le chemin de la dissidence. Ils se révèlent alors de précieux alliés. Nichés au cœur des territoires, ils occupent en effet une position stratégique pour recueillir et transmettre des…

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Auteur: Luc Demarconnay, Docteur en histoire, Sorbonne Université