Débat : L’Égypte noire est-elle une imposture ?

En 2016, le film hollywoodien d’Alex Proyas, Gods of Egypt, est accusé par les spectateurs de « blanchir » la société égyptienne antique. Une critique qui témoigne de la vivacité de la querelle anthropologique concernant la couleur de peau des anciens Égyptiens.

« Il existe un gros débat sur la couleur de peau des Égyptiens anciens et personne n’en est sûr à l’heure actuelle […] Était-ce une représentation artistique et symbolique, loin de ce qu’ils étaient vraiment ? », déclarait alors Alex Proyas.

Aujourd’hui, grâce aux progrès de l’archéologie, et notamment aux prélèvements ADN réalisés sur des momies, l’hypothèse d’une Égypte noire semble écartée par les égyptologues. Pourtant, depuis le XIXe siècle, les défenseurs de l’afrocentrisme, adeptes d’une conscience historique noire, ne cessent de s’opposer à cette affirmation et défendent ardemment la théorie d’une Égypte noire.

Mais le débat qui oppose les partisans d’une Égypte blanche et « eurocentrée » à ceux d’une Égypte noire « afrocentrée » est-il encore d’actualité ?

De l’afrocentrisme à l’égyptocentrisme

À l’inverse du panafricanisme (doctrine et idéologie politiques souhaitant l’indépendance africaine), l’afrocentrisme peut être défini comme une réécriture et une vision sélective de l’histoire mettant l’accent sur l’Afrique, les valeurs culturelles africaines et la vision propre des Africains dans l’élan que des mouvements nationalistes noirs.



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Il s’agit essentiellement d’un mythe moderne né en réaction aux visions européocentristes liées aux siècles de traites négrières et de domination coloniale. Né aux États-Unis au XIXe siècle au sein des communautés Afro-Américaines, le mouvement s’est amplifié et a connu son apogée au XXe siècle à travers les travaux de l’historien sénégalais Cheikh Anta Diop qui proclame : « Le Noir ignore que ses ancêtres, qui se sont adaptés aux conditions matérielles de la vallée du Nil, sont les plus anciens guides de l’humanité dans la voie de la civilisation ». (Alerte sous les tropiques, articles 1946-1960)

Image : Les différentes populations d’Égypte d’après une peinture murale de la tombe de Séthi Iᵉʳ ; copie de Heinrich Menu von…

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Auteur: Charles Vanthournout, Professeur d’histoire-géographie et Doctorant en égyptomanie américaine, Université de Lorraine