Débat : peut-on « faire nation » sans sortir des logiques d’humiliation ?

« Faire nation » : l’expression a été martelée comme le nouveau « chantier » du président de la République, selon ses mots, lors d’un entretien donné au Point fin août, et en réponse aux émeutes qui ont suivi la mort du jeune Nahel à Nanterre au début de l’été.

Pour Emmanuel Macron, cette expression se rapporte d’abord à l’apprentissage de la langue, la transmission des valeurs, le retour de l’autorité du maître à l’école (sujet régalien), mais aussi l’intégration par le travail. Du point de vue historique, ce « faire nation » correspond à la volonté de faire concorder une forme politique (république, royaume, empire) avec un territoire et une population composite qui doit partager une même culture (la langue, des valeurs, un récit historique) et obéir à des règles communes.

Le président veut faire de l’école son domaine réservé, une institution cardinale de la fabrique nationale (« cette refondation nationale passe par l’école »), et propose de refonder les programmes d’histoire : « L’histoire doit être enseignée chronologiquement » affirme-t-il.

Sur ce dernier point, il renoue avec les vieilles antiennes sur la chronologie qui nourrit depuis plus de 40 ans des débats récurrents et toujours déconnectés du terrain sur l’enseignement de l’histoire, en méconnaissant le contenu des programmes et les pratiques enseignantes qui se fondent bien sur des séquences chronologiques, et ce du premier degré, dès le cycle 2, jusqu’à la terminale. On constate ainsi qu’en 2023, si les autres disciplines scolaires sont tenues d’intégrer les acquis de la recherche dans l’enseignement, la discipline de l’histoire reste un cas à part, la « connaissance » de l’histoire étant située par Emmanuel Macron dans une finalité civique toute nationale.



Polarisation sur la laïcité

Cette « refondation nationale » passe aussi par la laïcité à l’école…

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Auteur: Sébastien Ledoux, Maître de conférences, historien, Université de Picardie Jules Verne (UPJV)