Déchets de Stocamine : en Alsace, les écologistes veulent « lutter jusqu'au bout »

Strasbourg, correspondance

Les centrales à béton sont déjà installées, en cette moitié du mois de septembre 2021. Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, a acté en janvier dernier la volonté du gouvernement de confiner 42 000 tonnes de déchets industriels ultimes, contaminés à l’arsenic, au cyanure ou encore à l’amiante, sous la nappe phréatique à Wittelsheim, dans la banlieue de Mulhouse (Haut-Rhin).

Ils ont été placés là, dans une ancienne mine de potasse, par Stocamine, société détenue par l’État, entre 1999 et 2002. L’activité de l’entreprise a cessé à cause d’un incendie dans la mine, causé par des déchets entrés irrégulièrement. Depuis, la quasi-intégralité est restée dedans, alors que la gestion du site et son contenu présentent de nombreuses irrégularités.

Ce qui paraît en revanche certain, c’est que malgré le confinement des déchets par le béton, ceux-ci seront un jour en contact avec la nappe phréatique rhénane, la plus grande réserve souterraine d’eau potable en Europe. Des associations, des collectifs et les élus locaux demandent depuis vingt ans le déstockage des déchets afin de protéger la ressource en eau. « On ne comprend pas comment une telle décision peut être prise, dit sidéré Philippe Aullen, membre du collectif Destocamine, joint par Reporterre. Des professionnels mineurs et des entreprises ne cessent de dire que le déstockage est possible. Pourquoi ne pas le faire ? »

Pour Barbara Pompili, la sécurité des mineurs prime : la mine s’effrite et s’effondre sur elle-même au fil du temps, rendant le déstockage de plus en plus dangereux. « Comme si la sécurité des travailleurs était importante pour l’État, ironise Jean-Pierre Hecht, ancien mineur et représentant du personnel de Stocamine. C’est absurde. On parle d’aller sur Mars, mais on ne peut même pas tenter de régler un problème à 500 mètres sous terre, pour préserver l’eau potable ? » La ministre argue aussi que la pollution causée par les déchets sera comparable à « une goutte d’eau dans une piscine olympique ».

« On n’est pas sûrs de ce qui est dedans, et de comment l’eau ruissellera sous terre, rétorque Philippe Aullen. On ne peut plus leur faire confiance dans cette affaire. Le gouvernement présentait le projet comme exemplaire en matière de sécurité dans les années 1990. Résultat : au bout de trois ans, un incendie dans la mine dû à une fraude a mis fin à l’activité du site. Alors, quand ils nous disent qu’il n’y aura…

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Auteur: Thibault Vetter Reporterre