Déchets radioactifs immergés : l'équivalent de trois catastrophes de Fukushima rejeté dans l'Atlantique

Parmi les rebuts gisant au fond des océans, on trouve aussi des déchets radioactifs. Plusieurs pays, dont la France, ont contribué à leur immersion dans l’Atlantique. Si les sites sont bien répertoriés, ils ne sont désormais plus surveillés.

De 1946 à 1983, la communauté scientifique a jugé que déposer des déchets radioactifs sur les fonds marins était une « solution sûre », « car la dilution et la durée présumée d’isolement apportées par le milieu marin étaient suffisantes », retrace l’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs). Cet établissement public à caractère industriel et commercial, chargé de la gestion des déchets radioactifs en France, réalise régulièrement l’inventaire national des matières et déchets radioactifs.

Jusqu’en 1977, les états ont été libres de superviser eux-mêmes leurs opérations d’immersion. Puis le Conseil de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) a obligé les pays membres à se soumettre aux directives et à la surveillance de l’Agence pour l’énergie nucléaire (AEN). En 1972, la convention de Londres interdit l’immersion de déchets fortement radioactifs. Un moratoire sur l’immersion des déchets est adopté en 1983, dans l’attente d’un examen global de la question. En 1993, les pays signataires décident d’interdire l’immersion de déchets radioactifs dans la mer, « davantage pour des raisons morales que scientifiques », ajoute Émilie Grandidier, chargée de communication à l’Andra, qui assure que tout débat sur d’éventuelles immersions futures est définitivement clos.

Qui a jeté quoi, et où ?

Entre 1946 et 1982, à l’échelle internationale, 14 pays ont immergé des déchets radioactifs dans plus de 80 sites du Pacifique et de l’Atlantique. « Des déchets liquides directement évacués, des déchets solides non conditionnés, des déchets emballés dans des fûts métalliques et incorporés dans du béton ou du bitume », précise l’Andra. Ces déchets constituent une radioactivité totale de 85 000 térabecquerels (TBq) à la date de leur immersion, l’équivalent de cinq à six fois la quantité d’éléments radioactifs rejetés dans l’océan Pacifique à la suite de la catastrophe nucléaire de Fukushima, entre mars et avril 2011. L’Atlantique Nord a été le premier site d’immersion, représentant la moitié de la radioactivité totale. Le Royaume-Uni, la Belgique, l’Allemagne, la France, les Pays-Bas, l’Italie, la Suède et la…

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Auteur: Audrey Guiller