Décoloniser les imaginaires de la révolte

Emeutes, manifestations et une révolte qui grogne depuis que Masha Amini, une jeune iranienne d’origine kurde, est morte alors qu’elle avait été interpellée par la police des mœurs. D’abord dans les rues de Téhéran, puis dans plusieurs villes du pays, les manifestations se sont dispersées à l’extérieur des frontières, en Turquie, au Liban, en Allemagne ou en Grèce et ailleurs. Là bas, les coupures de l’accès à internet et aux réseaux sociaux se conjuguent avec une répression policière extrêmement violente – on soupçonne déjà plusieurs dizaines des morts après 8 jours de manifestations – et rendent nécessaire et vitale la levée des solidarités. Ici, dans les grands media comme dans des petits réseaux et sur les murs des activistes du like des nombreuses images circulent des femmes présentes dans les rassemblements qui ôtent leurs voiles et coupent parfois leurs cheveux en scandant « Femme, vie, liberté ».

La scène s’est reproduit tellement des fois dans l’histoire depuis que l’Occident s’est construit une image de « sauveur » qu’il est impossible maintenant de ne pas patienter un instant sur un sentiment de trouble. Comme à chaque fois que les grands intérêts des grands puissants s’empreignent d’un souci pour des révoltes locales des « faibles » qui sont vite réduit en barbares. A l’âge où les émeutes et les manifestations ne peuvent plus se départager par une science révolutionnaire entre celles qui sont économiques et politiques et d’autres qui seraient simplement culturelles, il est de plus en plus urgent d’essayer de décoloniser non pas les imaginaires en général mais surtout et avant tout pour « nous » les imaginaires de la révolte.

La prochaine coupe du monde du foot, c’est au Qatar c’est ça ? Là où les ouvriers meurent par milliers et où les femmes ne peuvent même pas… Chuuut !

Do Muslim Women Need Saving ? Lila Abu-Lughod, une anthropologue palestino-américaine a essayé de poser la question. Celleux qui luttent aujourd’hui en Iran ont besoin de notre solidarité et nous avons besoin de leur lutte pour espérer activement et ne pas accepter le monde tel qu’il est. Le récit occidental du « sauvetage » des femmes musulmanes maltraitées qui ont besoin d’être sauvées pourrait être non pas un geste de solidarité qui exige des actes mais une émotion d’humanitarisme stéréotypé qui perpétue des imaginaires racistes, coloniaux, patriarcaux.

On pense souvent la modernité politique à la lumière de…

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Auteur: lundimatin