Dans cet entretien réalisé en juin 2023 par trois camarades, Alain Badiou revient sur certains éléments de son autobiographie politique publié récemment : Mémoires d’outre-politique (1937-1985) (éd. Flammarion). Revenant en particulier sur son expérience militante, mais aussi sur l’héritage de Marx, Lénine et Mao, ou encore le bilan des révolutions russe et chinoise, il insiste sur la nécessité pour les révolutionnaires de refaire du dépérissement de l’État une question centrale.
Jean-Paul : Je ne commence pas vraiment par ordre chronologique mais j’ai quelques questions au début qui sont davantage liées à certaines anecdotes ou certains aspects biographiques, et puis après je me base plus sur ta longue portion finale c’est-à-dire le dictionnaire. Alors, tu insistes beaucoup sur le moment de la guerre d’Algérie dans ton processus de politisation et tu rappelles à quel point ça a été fondamental, non seulement pour toi, mais pour pas mal de gens de ta génération. Il y a notamment tout un chapitre que tu consacres à ton compagnonnage avec le réseau Jeanson.
Tu expliques que tu as été un peu « dedans / dehors », c’est-à-dire que tu as participé à leur journal, tout en veillant à ne pas franchir le pas d’un engagement réellement effectif. Tu n’as jamais été un « porteur de valise » à proprement parler, tu ne voulais pas opter pour un engagement effectif en faveur du FLN. Peux-tu revenir là-dessus et penses-tu que l’on puisse tirer à partir de là (pour schématiser : défense principielle des forces qui, dans la réalité, luttent contre l’impérialisme et le colonialisme – en l’occurrence le FLN – et vigilance ou réalisme quant à leur contenu politique affirmatif et stratégique) une orientation générale sur toute la suite de ton parcours politique quant aux questions liées à l’anti-impérialisme ? Qu’est-ce que ça dit du rapport entre affirmation et…
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Auteur: redaction