L’inaction de l’État français en matière climatique est régulièrement dénoncée par de nombreux observateurs. Militants écologistes ou membres d’institutions évaluant les progrès réalisés dans ce domaine mettent en avant les décalages entre les discours des gouvernants et la réalité des politiques publiques, rarement au rendez-vous des défis à relever.
Cette posture critique, indispensable pour dresser un diagnostic sans concession de la situation, gagne à être complétée par une analyse prenant le parti de regarder l’État « de l’intérieur », d’observer la construction de ses décisions stratégiques et ordinaires, et ce qu’elles nous disent sur son aptitude à impulser des chantiers à la hauteur des enjeux. Car le climat est aussi une affaire bureaucratique, qui interroge la capacité de l’administration qui le « défend » à se faire entendre au sein de l’État. Tel est notamment l’objet d’un ouvrage que nous avons récemment publié aux Presses des Mines de Paris.
Pour urgente soit-elle, cette cause ne fait pas en effet l’objet d’une adhésion « naturelle » de tous les ministères. Elle doit trouver sa place dans un champ fragmenté, traversé de logiques souvent contradictoires, qui donnent lieu à des conflits de territoires et des luttes de pouvoir que Graham Allison, chercheur en sciences politiques à Harvard, a conceptualisés dans son étude sur la crise des missiles de Cuba sous le terme de « bureaucratic politics ». Observer ces rapports de force, tels qu’ils sont apparus lors de l’élaboration de la dernière Stratégie nationale bas-carbone (SNBC), permet d’identifier une autre facette de l’(in)action de l’État : la difficulté à faire exister les enjeux climatiques dans l’espace politico-administratif.
Agir…
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Auteur: François-Mathieu Poupeau, Directeur de recherche au CNRS (LATTS, UMR 8134), Professeur de l’École des Ponts ParisTech, École des Ponts ParisTech (ENPC)