Déforestation : l'Amazonie a atteint son point de bascule

L’Amazonie : 390 milliards d’arbres, plusieurs millions d’espèces d’insectes, un nombre incalculable d’oiseaux, de mammifères et de reptiles, pour certains encore inconnus de l’être humain. Un trésor de biodiversité qui, malheureusement, s’effondre. Selon un rapport publié le 6 septembre par un regroupement d’organisations environnementales amazoniennes (RAISG) et la Coordination des organisations indigènes du bassin amazonien (Coica), la forêt pluviale a atteint son « point de bascule ». Certaines zones commencent déjà à se transformer en savane.

La question du « point de bascule » de l’Amazonie préoccupe depuis de nombreuses années les spécialistes de la région. Par ce terme, les scientifiques désignent le moment où la forêt, sous les coups de boutoir du changement climatique et de la déforestation, ne serait plus capable d’entretenir ses propres pluies, comme c’est le cas aujourd’hui. Elle évoluerait alors vers un autre écosystème, plus sec, comparable à celui d’une savane. Les arbres seraient plus bas, les animaux moins nombreux, et les capacités d’absorption du carbone de la forêt fortement réduites.

Les alertes sur l’imminence de ce phénomène se sont multipliées au cours des dernières années : en avril 2021, un article publié dans la revue Nature révélait que le « poumon vert » de la planète commençait à émettre du CO2 dans l’atmosphère. Un an plus tard, une équipe de scientifiques montrait que 76,2 % de la forêt amazonienne avait perdu en résilience depuis le début des années 2000 — ce qui suggérait, selon eux, qu’elle s’était dangereusement rapprochée de son point de bascule.

26 % de l’Amazonie fortement dégradé

À en croire le rapport du RAISG et de la Coica, ce point de non-retour a donc finalement été atteint. Pour parvenir à cette conclusion, ses auteurs se sont penchés sur un jeu de données relatives à l’état de la couverture forestière, collectées entre 1985 et 2020. Leur analyse montre que 26 % de l’Amazonie se trouve dans un état de déforestation ou de dégradation avancé. Or, dans une publication de 2018, deux des meilleurs spécialistes de l’Amazonie, Thomas Lovejoy et Carlos Nobre, avaient estimé que la forêt basculerait lorsque 20 à 25 % de sa surface aurait été détruite.

Cette fourchette avait été pensée par Lovejoy et Nobre pour le cas spécifique de l’Amazonie orientale, méridionale et centrale. Les données analysées par le RAISG et la Coica couvrent une zone plus large de la…

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Auteur: Hortense Chauvin Reporterre