Dégage on aménage !

Comment la mairie de Toulouse travaille à faire déguerpir les pauvres. Petit tour d’horizon local de la gentrification, où l’on apprend que le problème n’est pas la multiplication des enseignes branchées et des bars à salade mais bien le rétrécissement de nos possibilités de vivre là où l’on veut.

« C’est ça la gentrification, non ? » disait un habitant de la cité bleue dans le faubourg des Minimes à Toulouse, pour parler des expulsions et des destructions à venir. Loyers plus chers, changement de population, lieux branchés, changement d’ambiance et flicage généralisé sont en général les maux associés au phénomène. Ça n’en reste pas moins mystérieux, comme une fatalité naturelle, inévitable. Un gros mot qui ne dit rien de comment faire face. Essayons de tracer un tableau plus précis où la question du logement servira plus spécifiquement de boussole.

Une ville pour les cols blancs

C’est d’abord une histoire de population. En 1999, on comptait sur Toulouse 46,3% d’ouvriers et d’employés contre 18,4% de cadres et professions libérales. Près de 20 ans plus tard, les premiers ont chuté à 35,7% et le nombre des seconds a doublé et représente près du tiers de la population, avec des revenus deux fois plus élevés. C’est un fait : Toulouse s’est embourgeoisée. C’est très visible dans certains quartiers où les maisons individuelles, au décès de leurs occupant.es, voient l’arrivée d’un foyer plus aisé. Les faubourgs des Minimes, St Michel ou Bonnefoy connaissent cette transformation diffuse. D’autant que l’immobilier est plus accessible en première et deuxième couronne ce qui renvoie les ménages plus modestes vers les périphéries. Une sorte de phénomène « naturel » du capitalisme, conséquence d’une évolution de l’emploi et de la marchandisation du sol, mais qui résulte aussi d’un travail de gentrification spécifique où les pouvoirs publics jouent un rôle important.

Reléguer le prolo en périphérie, de gré ou de force

Ce que la mairie investit en pavés et caméras au centre-ville se mesure dans les faubourgs et les quartiers en délaissement et mépris. Ainsi, si on a tendance à voir dans les bars à salade et les cafés branchés des marqueurs de gentrification, c’est ailleurs que les effets les plus important se font sentir. La gentrification n’est pas une simple transformation des commerces mais une réduction de l’espace disponible, intérieur et extérieur, pour les classes populaires. Moins de logements, moins d’espace pour vivre, de dehors où être légitime… C’est une politique…

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Auteur: IAATA