C’était en août dernier, sur le Larzac. Quelques mois après la violente meurtrissure de Sainte-Soline, qui avait traumatisé le mouvement écologiste, des milliers d’activistes s’étaient retrouvés sur le causse, pour plusieurs jours de discussions, de danses, de moments partagés. Un temps de joie sereine, comme pour reprendre souffle ensemble et repartir du bon pied.
Parmi les dizaines d’ateliers et de rencontres passionnantes, l’une avait marqué : « Mener la bataille des imaginaires ». L’enjeu était vital, et il le reste. Car la conscience commune est aujourd’hui dominée par la vision d’un futur catastrophiste, issue d’ailleurs de la culture écologiste, qui a imposé l’idée de la dégradation de la biosphère sous l’effet de l’action humaine dans une société profondément inégalitaire. Mais aucune vision émancipatrice et encourageante ne s’en dégage.
Paradoxalement, la catastrophe est assumée par ses responsables capitalistes, qui formulent un imaginaire prétendant s’accommoder de la crise écologique par l’accélération technologique sans rien changer à l’ordre social. De son côté, l’imaginaire d’extrême droite déplace le champ des menaces (le danger serait l’étranger) affirmant pouvoir protéger la société par l’exclusion et la frontière. Le camp de l’émancipation, lui, ne parvient pas à dessiner un avenir séduisant.
Concilier futur désirable et réduction de la consommation
Projeter le futur, décrire un horizon désirable, est cependant une nécessité politique, si l’on veut embarquer la société pour transformer le monde. À la fin du XIXᵉ siècle, le libéralisme bourgeois promettait la prospérité sur fond de progrès scientifique — avant de se fracasser sur la tuerie de la Première Guerre mondiale. Des décombres de celle-ci a surgi la promesse communiste de la Révolution russe, d’un pouvoir populaire et égalitaire, rêve englouti par la dictature…
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Auteur: Hervé Kempf