« Demain nous sommes en grève »

Demain nous sommes en grève. Nous ne sommes pas nombreux. Une trentaine, à Grenoble, selon l’AG numérique. Une trentaine sur 180 professeurs de philosophie dans notre académie. Et combien sur les trente pour en être vraiment, pour aller « jusqu’au bout », refuser les copies, s’engager dans la grève ?

Une trentaine, une broutille, un nombre insignifiant, une minorité radicalisée, une minorité agissante, comme si les autres, les majoritaires, les « majeurs », les silencieux, les responsables, n’agissaient pas quand ils disent oui.

Mais vous, vous dites toujours non. Vous êtes contre. C’est bien connu, on ne peut pas toucher l’Education Nationale. C’est pas un ministère facile l’Education Nationale. On ne peut rien proposer. On ne peut rien transformer. Vous êtes contre, par principe. Contre Parcoursup, contre la réforme du lycée, contre la réforme du collège, contre la réforme des retraites, contre tout, tout le temps, cette fois c’est contre quoi ? Contre la numérisation des copies ? Contre la numérisation des copies vous faites une AG numérique ? Ils sont marrants les philosophes, à Grenoble.
Ils sont marrants et ils sont trente.

Demain nous sommes en grève. Encore en grève. Toujours en grève. Toujours en grève, toujours les mêmes. Mais enfin pas exactement. Il y a plein de jeunes, à l’AG numérique, plein de collègues nouvellement nommés, c’est pas que des vieux technophobes, c’est pas que des syndicalistes arriérés, d’ailleurs, y en a pas beaucoup, des syndicalistes, y en a, mais pas beaucoup. Les jeunes collègues, eux, sont bien là, enthousiastes, investis, des projets plein la tête, des jeunes profs innovants, innovants et bosseurs. Comme on les aime sur les campagne de pub, là, sur les abribus, « Laura a trouvé le poste de ses rêves » « Julien a trouvé un poste à la hauteur de ses ambitions ». Parce que ça ne séduit plus l’Education Nationale. Parce que les postes aux concours ne sont pas tous pourvus. Sans blague, il n’est pas attractif notre métier ? Attendez, on va communiquer, on va arranger ça, inutile d’augmenter les salaires, de dégeler le point d’indice, attendez, on s’en occupe, on fait une campagne de pub. Et on a des Julien et des Laura bien habillés et bien peignés sur les vitrines des abribus. Dans les AG, Julien et Laura votent pour la grève.

Demain nous sommes en grève. Mais vous n’en n’avez pas marre de faire grève ? Vous n’étiez pas déjà en grève l’année dernière ? Ah non l’année dernière…

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Auteur: lundimatin