Démobiliser et disqualifier : le refrain médiatique des conflits sociaux

Depuis le début de la mobilisation pour les salaires, les interviews-interrogatoires de syndicalistes et membres de l’opposition de gauche se sont multipliées : que ce soit celle de Laurent Berger sur France Inter (8/10) ; celle de Fabien Villedieu (Sud Rail) sur France Info (18/10) ; ou encore celle de Clémentine Autain, invitée de la matinale de France Inter (22/10). 

Autre exemple, l’interview du secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, par Léa Salamé et Nicolas Demorand (17/10), qui se font ventriloques du gouvernement, sous couvert d’apporter la contradiction. Extraits choisis :

Nicolas Demorand : Encore 30% des stations-services perturbées à l’échelle nationale, plus de 40% en Île-de-France, les Français continuent à galérer pour faire le plein, et parmi eux des gens qui bossent comme des infirmiers, des médecins… Vous leur dites quoi ce matin Philippe Martinez ? C’est comme ça, c’est le prix à payer ? 

Léa Salamé : Tout à l’heure il y avait Clément Beaune à votre place qui disait : « Il y a quelques centaines de grévistes ». Le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, dit : « C’est 150 personnes, 150 grévistes seulement qui prennent en otage […] les Français ». Y’en a combien des grévistes pour qu’on comprenne bien ? 

N. D. : Elisabeth Borne hier soir au 20h de TF1 a demandé aux salariés grévistes de TotalEnergies de respecter l’accord majoritaire qui a été signé, de ne pas bloquer le pays […]. Elle a ajouté que s’il y a des situations très tendues demain, et aujourd’hui nous procéderions à de nouvelles réquisitions. Sur ce deuxième point vous répondez quoi ? 

[Philippe Martinez répond que c’est une entrave au droit de grève.]

 L. S. : C’est pas ce que pensent les tribunaux administratifs que vous avez saisis en référé, qui vous ont donné tort dans les deux cas.

[Philippe Martinez répond qu’à Rennes le tribunal leur a donné raison.]

- L. S. (le coupe) : À Lille, il a considéré que ce n’était pas illégal. 

L. S. : Oui, alors Gabriel Attal dit que c’est inacceptable qu’il y ait poursuite de blocage alors même que des accords majoritaires ont été trouvés pour revaloriser les salaires, c’est fait effectivement chez Total, notamment la semaine dernière, puisque la CFDT et CFE-CGC ont signé un accord d’augmentation de salaire de 7%. Vous, vous êtes contre, c’est ça ? Vous allez continuer la grève jusqu’à ce qu’il y ait une augmentation de 10%, pour qu’on comprenne…

Et Nicolas Demorand…

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Auteur: Sophie Eustache Acrimed