Démocratie de façade et géopolitique de l'énergie : les dessous de la crise au Sri Lanka — Darini RAJASINGHAM-SENANAYAKE

C’est dans un contexte de guerres énergétiques et de lents déplacements tectoniques du pouvoir et des richesses vers l’Asie et la région de l’Océan indien que le « printemps arabe » de l’Asie du Sud a déboulé. Les choses se sont précipitées avec la nouvelle guerre froide qui se déroule par procuration en Ukraine, les sanctions imposées par les États-Unis à une Russie riche en énergie ainsi que la crise des réfugiés en Europe.

En l’espace d’un mois, deux opérations de changement de régime se sont déroulées au Pakistan et au Sri Lanka, au milieu de manifestations mises en scène. Le Premier ministre pakistanais Imran Khan, connu pour son courage sur et en dehors des terrains de cricket, a été renversé le 9 avril. Il a accusé Washington d’avoir orchestré son éviction juste après sa visite à Moscou.

Exactement un mois plus tard, le lundi 9 mai, au Sri Lanka, alors que la Banque centrale entamait des pourparlers avec le Fonds monétaire international (FMI) en vue d’un « renflouement », une opération de changement de régime était lancée dans cette île stratégique de l’océan Indien, une île qui reste perpétuellement dans le collimateur des grandes puissances. Le décor avait été planté par six semaines de manifestations pacifiques à Galle Face. Mais le 9 mai, ces manifestations ont basculé dans une violence coordonnée.

Alors que les pourparlers avec le FMI débutaient, des manifestants jusque-là pacifiques, dont certains portaient même des pancartes « pro-FMI », ont été inexplicablement attaqués. La violence s’est alors déchaînée contre les politiciens du parti au pouvoir, entraînant la démission massive du conseil des ministres. Ces violences ont été suivies par la mise en place d’un couvre-feu, de confinements et l’installation rapide d’un Premier ministre pro-Washington, Ranil Wickremesinghe. La chronologie des événements est remarquable.

L’ambassadrice étasunienne, Julie Chung, a donné son approbation immédiate en déclarant : « La nomination de Ranil Wickremesinghe et la formation rapide d’un gouvernement inclusif sont les premières étapes pour résoudre la crise et promouvoir la stabilité. Nous encourageons des progrès significatifs au FMI et des solutions à long terme qui répondent aux besoins de tout le Sri Lanka. » Un nouveau régime avec lequel le FMI pourrait « vibrer » est en train d’être mis en place, comme l’a soulevé le journaliste expérimenté Saeed Naqvi.

Le Sri Lanka est l’un des pays les plus riches d’Asie du Sud….

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Auteur: Darini RAJASINGHAM-SENANAYAKE Le grand soir