Démolir la culture de droite

Enfant prodige de la mythologie, de l’égyptologie et de la philosophie, Furio Jesi écrit son premier ouvrage à 15 ans. Véritable héritier de Walter Benjamin, il met son son immense érudition au service de l’analyse des révoltes. À l’occasion de la parution en français de Spartakus, Symbolique de la révolte, nous nous étions déjà entretenus avec le philosophe Andréa Cavalletti à propos de l’oeuvre de Jesi dont il est l’éditeur en Italie. Cette semaine, nous avons discuté avec lui de Culture de droite, autre livre incontournable de Furio Jesi tout juste publié là encore aux éditions la Tempête. Il s’agit d’analyser les racines du fascisme et du nazisme pour en comprendre pleinement les manifestations contemporaines.

Culture de droite est le dernier ouvrage publié du vivant de Jesi. Les concepts de Jesi forgés dans d’autres livres sont ici présents, celui, notamment de « machine mythologique », et fonctionne comme une méthode originale de compréhensions des mythologies de la droite. Qu’est-ce que cette « machine mythologique » et comment Jesi a-t-il construit sa méthode ?Jesi renvoie à l’essai de 1973, La fête et la machine mythologique, c’est-à-dire à la définition de son modèle « gnoséologique » le plus connu : la « machine mythologique » justement. Il s’agit d’un dispositif dont nous ne voyons que l’extérieur, mais qui témoigne d’une présence, à l’intérieur, du « mythe », dissimulé et inaccessible derrière ses murs impénétrables, dont il offre cependant des récits qu’il rend appréciables, des témoignages, c’est-à-dire les mythologies : « son fonctionnement renvoie sans cesse à la nourriture mythique, qui reste cependant inaccessible et offre à sa place la nourriture mythologique ». On pourrait peut-être comparer ce modèle à celui du panoptique foucaldien avec la présence invérifiable du gardien à l’intérieur de la tour. Seulement, les murs du modèle jesiens sont constitués de mythologie.

Quant à la culture de droite plus précisément, elle est pour Jesi le produit du mécanisme mythologique et linguistique des « idées sans mot ». Il s’agit d’une circulation linguistique qui « exige des non-mots », qui utilise des stéréotypes, des phrases toutes faites, des mots d’ordre, pas uniquement par ignorance, mais aussi parce que c’est cette pauvreté du vocabulaire et des syntagmes, leur insuffisance évidente, qui permet de faire allusion à quelque chose qui reste au fond incommunicable. La…

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Auteur: lundimatin