Dénis, croyances, absurdités à l'assaut de la raison et de la science historiques — Philippe ARNAUD

Un trait inédit de cette élection présidentielle de 2020, a été l’obstination, pendant plus de deux mois, du président en titre, et contre toute évidence, de reconnaître sa défaite, qu’il attribue à une fraude gigantesque, fomentée à l’échelle nationale par le Parti démocrate. Il a même, dans un premier temps, interdit – contrairement à l’usage – l’accès aux dossiers de la présidence à la nouvelle équipe, pour permettre à celle-ci de se préparer, durant les deux mois et demi (3 novembre – 20 janvier) de la transition.

Aussi délirante que soit cette allégation de fraude, aussi incompréhensibles que soient ce déni et cet entêtement, ils n’en sont cependant pas nouveaux. Il existe en effet, dans l’Histoire, des exemples aussi édifiants de refus persistants de la réalité ou d’invention fantasmatique d’une « réalité alternative ».

Ce déni, ou cette invention d’une fable de substitution, sont pour ainsi dire toujours le fait de perdants. Soit de perdants politiques ou militaires, qui, non seulement ont perdu le pouvoir ou une guerre mais, de surcroît, ont vu sombrer à jamais leur système politique ou social. Soit de perdants intellectuels, qui proposaient une explication des phénomènes physiques, naturels, politiques ou sociaux, et qui ont vu leur conception bouleversée, niée, infirmée, inversée par de nouvelles découvertes ou de nouvelles théories, de nouvelles vérifications.

La plupart du temps, dans le domaine des idées, ces dénis ont émané d’institutions conservatrices (comme l’Église catholique, des Églises protestantes, des académies ou des cercles savants) se pensant détentrices de la vérité. Dans le domaine politique, social ou sociétal ils ont émané de milieux sociaux privilégiés, dont étaient issus les classes dirigeantes, qui imaginaient (et qui imaginent toujours, d’ailleurs) que le pouvoir leur est dû. Dans ces deux domaines, ces milieux pensaient (et pensent toujours) qu’eux seuls ont la légitimité de fixer les normes (morales, intellectuelles, artistiques, politiques, etc.).

Le plus étonnant est que ces croyances – en dépit de leur absurdité,…

Auteur: Philippe ARNAUD Le grand soir
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