Dennis Meadows : « Le déclin de notre civilisation est inévitable »

Il créa un grand retentissement dans le monde. Il est même souvent considéré comme l’un des monuments de l’écologie politique. Pourtant, les idées du novateur rapport de 1972 Les Limites à la croissance, plus connu sous le nom de « Rapport Meadows », ou « Rapport au Club de Rome », n’ont pas été reprises, ou très peu, par les dirigeants. Il démontrait pour la première fois que l’économie ne pouvait continuer à croître indéfiniment dans un monde fini.

Depuis, les brillants chercheurs à l’origine de ce rapport l’ont plusieurs fois actualisé. Sa dernière version, Les Limites à la croissance (dans un monde fini) (éd. Rue de l’échiquier), paraît le 3 mars dans les librairies. À l’occasion du cinquantième anniversaire de la publication du rapport originel, Reporterre s’est entretenu avec l’un de ses auteurs, Dennis Meadows. Le professeur émérite à l’université du New Hampshire avait 30 ans à l’époque où il a coécrit ce document. Il en a aujourd’hui 79. Entre-temps, le scientifique a donné bien des conférences, rédigé de nombreux livres, reçu d’innombrables prix. Sa conviction que le modèle occidental courait à sa perte, tout comme sa défense d’une sortie planifiée de la surabondance, n’ont jamais failli.


Reporterre — En 1972, le rapport du Club de Rome prévenait les gouvernements qu’ils devaient s’organiser pour éviter un déclin non contrôlé du bien-être humain. Sa réédition de 1992 montrait que l’humanité avait déjà dépassé les limites de la planète. Trente ans plus tard, est-il trop tard pour éviter un effondrement ?

Dennis Meadows — Le terme « effondrement » est un mot très simple, qui a sûrement une signification différente en français et en anglais. Le monde est bien plus complexe que cela. Certaines sociétés, par exemple au Sahel, sont déjà engagées dans un processus d’effondrement. D’un autre côté, d’autres régions et peuples ne connaîtront probablement pas de grands changements dans les prochaines décennies. Pour autant que nous sachions, le déclin promet d’être plutôt graduel, avec une dégradation progressive de nos ressources naturelles, une pollution progressive de notre eau, etc.

Cela étant dit, en 1972 nous avions encore une chance de ralentir ce processus, du moins théoriquement, et de garder la démographie et la consommation à des niveaux soutenables. Ce n’est plus possible. Nous sommes déjà bien au-dessus de ces limites. D’une manière ou d’une autre, les caractéristiques physiques de…

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Auteur: Hortense Chauvin (Reporterre) Reporterre