Dennis Meadows : “les lobbies bloquent le changement parce qu’ils s’enrichissent de la situation actuelle”

Il y a 50 ans, le rapport “Les limites à la croissance » faisait l’effet d’une bombe. Pour la première fois, une équipe du MIT modélisait les impacts de l’activité humaine sur la planète et la conclusion était brutale : nous allons droit dans le mur. 50 ans après, le Professeur Dennis Meadows, coauteur du rapport, continue inlassablement de lancer l’alerte : la quête d’une croissance infinie dans un monde fini nous conduira à notre perte, mais nous avons encore une petite fenêtre de tir pour empêcher le pire.

Lorsqu’elle a découvert ce rapport, la journaliste Audrey Boehly a eu un choc. Elle ne pouvait pas en rester là. Alors, elle a décidé de réaliser le podcast “Dernières Limites”. Cette ingénieure de formation a voulu trouver des réponses scientifiques à ses questions en donnant la parole à des experts et des chercheurs, mais aussi les solutions qui s’offrent à nous. Le premier qu’elle a interrogé, c’est évidemment Dennis Meadows.

50 ans plus tard, ce rapport est tristement d’actualité. Début 2022, la 5ème limite planétaire a été dépassée : celle de la pollution chimique, après le changement climatique, l’extinction de la biodiversité, la destruction des habitats sauvages et les flux de phosphore et d’azote. 

Le 3 mars 2022 correspond donc aux 50 ans du rapport du MIT dirigé par Dennis Meadows, physicien, professeur émérite de l’Université du New Hampshire, et co-auteur du rapport. Pour l’occasion, nous retranscrivons l’énième avertissement du chercheur, interrogé sur l’impact de son travail et sa pertinence aujourd’hui, avec l’aimable accord d’Audrey Boehly et son équipe.

Audrey Boehly : Pourquoi avez-vous voulu faire ces recherches, il y a 50 ans ?

Dennis Meadows : Le projet a commencé en 1968, quand Aurelio Peccei a écrit un livre intitulé Le gouffre avance. C’est de là qu’est né le Club de Rome, et son intérêt pour les enjeux mondiaux. C’est un professeur du MIT, Jay Forrester, qui a compris que ces problèmes étaient en fait les symptômes d’une planète surchargée, où la population et la croissance économique étaient trop importantes. C’est comme ça qu’est né notre projet, qui avait pour but de comprendre les causes et les conséquences de la croissance d’un point de vue physique. 

Quelles étaient les conclusions du rapport ?

Il était évident, au moins pour nous, que la croissance physique ne pouvait pas continuer éternellement sur la planète. C’est comme dans une voiture. Quand vous…

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Auteur: Laurie Debove