D'entre les brasiers, donc apercevez la lumière

De retour du Rojava, l’on redécouvre avec peine le spectacle. Le spectacle de cette civilisation qui se meurt et qui nous entraîne avec elle tout au fond de l’on ne sait quoi si ce n’est une sorte d’abîme. Obscur, froid, et blême. Pour l’empire, cette abîme n’est ni plus ni moins qu’une fin, qu’un objectif. La totale désintégration de tout ce qui constitue la vie libre. Il peut arriver au spectateur, de prendre conscience de cette entraînement, de cette chute en avant-ce. Dans l’aperçu de cette direction abîme-ante le spectateur rencontre parfois la mélancolie. Le spectacle est larmoyant.

Mais le pleur ne servira pas tant que ses larmes n’abreuveront pas nos rêves. Une larme n’est alors pas un simple liquide corporel salé, non, la larme, c’est le reflet des mondes que nous imaginons que nous souhaitons ou espérerons comme alternative à l’abîme. Nos mondes libres, magiques, dont les cœurs ne font qu’un et où seul l’amitié règne. Ici, le vide est en train d’être reconquis, nous donnons l’assaut. Ces mondes sont des maquis, des bases arrières où l’on vit, où l’on résiste et d’où l’attaque sur les places fortes de l’ennemi est organisé. C’est d’ici que l’on regardera brûler l’empire, incendie de notre étincelle.

« Créer deux, trois… de nombreux Vietnam », créer deux, trois de nombreux Rojava, créons deux, trois, de nombreux mondes.

Longtemps, comme un Giovanni Drogo venant de la plume de Buzzati et qui ne serait pas un officier de l’armée italienne mais un ami comme nous, l’on cherche le fort Bastiani, place défensive et stratégique située à la frontière entre une de ces plaines et le désert des Tartares. Décidons, et ce parce que nous aimons détourner beaucoup de choses, y compris la littérature, que ce fort Bastiani est l’un de ces mondes dont il est question. On entend parler de ce fort, la brume se dissipant on l’aperçoit puis on le regarde de loin, on l’espère, on l’imagine, on y cherche la route et on s’y rend. Un de nos mondes est situé au nord et à l’est de la Syrie, le Rojava est une terre de révolution. On y fait ce qu’il est question de faire de\en\pour nos mondes. Collectivement et en pratique on répond à la question : « comment vivre ? ».

Seulement voilà, les territoires de l’administration autonome du nord et de l’est de la Syrie (AANES) sont un espace situé au centre d’un des champs d’action les plus importants du complexe politico-militaire de l’impérialisme. Le désert des tartares…

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Auteur: lundimatin