« Depuis la guerre d'Algérie, on n'a jamais assisté à un tel climat répressif »

À la brièveté de manifestations d’ampleur qui faisaient reculer de controversées propositions législatives ont succédé des manifs percutantes, durement réprimées, mais s’inscrivant dans la durée. Depuis le début du mandat d’Emmanuel Macron, les mobilisations et manifestations (loi travail, gilets jaunes, réforme des retraites, marche pour le climat, pour les libertés…) sont quasi permanentes. Quels ont été, et sont encore, les rôles de cette forme d’action la plus courante ? Comment l’objet manifestation a t-il évolué, alors qu’il est de plus en plus réduit à d’éventuelles scènes de violences ? Dans une société en crise, est-ce réellement la manif qui ploie, ou le système qui la fait naître ?

Basta ! : Dans votre livre, vous reprenez l’histoire de la manifestation tant en France qu’à l’échelle internationale depuis les années 1970. Vous expliquez que la manifestation a longtemps été un mode de régulation des crises politiques dans le cadre du régime existant puis « un mode d’interpellation » du législateur. ». A-t-elle toujours ce rôle aujourd’hui ?

Danielle Tartakowsky : De 1870 à aujourd’hui, aucun de nos régimes successifs n’est tombé ou né sous l’effet de manifestations. Entre 1934 et 1968, des manifestations en miroir ont en revanche amorcé une crise politique majeure (6 février 1934, Nuit des barricades et 13 mai 1968) puis permis d’engager le processus de sortie de crise dans le cadre du régime existant (12 février 1934 et construction du Front populaire, 30 mai 1968 et élections législatives). De 1984 à 2002, plus d’une dizaine de mobilisations nationales, de droite comme de gauche du reste, sont venues à bout de propositions de lois, de ministres qui les portaient, voire, indirectement en 1984, du gouvernement. D’où une perception du rôle de la manif comme d’un référendum d’initiative populaire.

À partir de 2003, l’affirmation de Jean-Pierre…

Auteur: Elsa Gambin
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