Dernière rénovation : une stratégie séduisante mais controversée

Vous lisez la deuxième partie de notre enquête sur le collectif de lutte pour le climat Dernière rénovation.


« La grosse force de Dernière rénovation, c’est de sortir du cadre du militantisme classique, dans le sens où on n’est pas là avec des pancartes en train de crier des slogans », dit à Reporterre Thibaut Cantet, cofondateur du mouvement. Depuis l’an dernier, ces activistes climatiques enchaînent les actions de « résistance civile » : les autoroutes et les périphériques bloqués ? Ce sont eux. La demi-finale hommes de Roland-Garros interrompue ? C’était eux, tout comme la perturbation de plusieurs étapes du Tour de France.

Leur revendication : obtenir du gouvernement un plan pour la rénovation thermique des bâtiments. Leurs actions spectaculaires séduisent la jeune génération… et questionnent le reste du mouvement climat. Certains craignent qu’en perturbant le quotidien de personnes lambdas plutôt qu’en s’attaquant aux lieux de pouvoir, ils se « trompent de cible » et dégoûtent le grand public de la lutte écologiste. Le mouvement a en tout cas rapidement fait parler de lui et fait la une des médias, excités par cette « nouvelle radicalité ».

« Ce sont des modes d’action qui ont toujours existé, nuance Jon Palais, cofondateur d’Alternatiba et d’ANV-COP21, leur niveau de radicalité n’est pas plus important que ce qu’on a vécu au début du mouvement climat. » Le militant de longue date rappelle que la désobéissance civile est faite de cycles, entre actions de perturbation et développement d’alternatives : « En ce moment, ce qui est à la mode, ce sont plutôt les actions coups de poing, qui tirent la sonnette d’alarme, comme ce que fait Dernière rénovation. »

Les jeunes trouvent « des gens qui leur ressemblent »

Ce format de militantisme séduit effectivement les jeunes, et en particulier les primomilitants. En un an, Dernière rénovation (DR) est passé d’une vingtaine à plus de trois cents participants à ses actions. Beaucoup y voient une solution à leur sentiment d’impuissance face à l’urgence climatique. « Il y a une odeur ambiante de fatalisme et de cynisme sur la question climatique. On a besoin de se remettre en mouvement avec des choses très concrètes, et des actions très ciblées, comme on le fait à Dernière rénovation », explique Quentin, 24 ans, membre du collectif, et ingénieur consultant sur les thématiques énergie et climat à Paris. 

La campagne se développe aussi hors de la capitale. Lucas, 25 ans, ingénieur nucléaire, et Théoxane, 22 ans, étudiante aux Beaux-arts, ont rejoint la section lyonnaise de DR à l’automne dernier. Ils se réjouissent d’avoir enfin trouvé « des gens qui leur…

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Auteur: Nina Guérineau de Lamérie, Scandola Graziani Reporterre