Derrière la catastrophe d'AZF, la surconsommation d'engrais azotés en France

Il était 10 h 17 le 21 septembre 2001 quand la détonation a secoué Toulouse. Une explosion équivalente à un séisme de magnitude 3,4 sur l’échelle de Richter. Elle a tué 31 personnes, en a blessé près de 2 500 dont 300 ont été hospitalisées plus de six jours. Les 80 hectares de l’usine ont été en grande partie dévastés. Autour, 26 000 logements ont été endommagés, parfois gravement.

Cette déflagration dévastatrice provenait de l’usine AZF, et plus précisément d’un stock d’environ 300 tonnes de nitrate d’ammonium. Un puissant explosif, mais aussi le principal composant de l’ammonitrate, un engrais azoté de synthèse massivement utilisé dans l’agriculture française. Un produit banal, diraient la plupart des agriculteurs, mais désormais questionné : car dix-neuf ans après AZF, en août 2020, une explosion similaire a dévasté le port de Beyrouth (Liban), causant deux cents morts.

Du nitrate d’ammonium dans l’entreprise de stockage d’engrais Hubau, en 2008 à Soissons (Aisne). © Alain Julien / AFP

Un rapport gouvernemental officiel a récemment souligné les failles de la réglementation et mis au jour des pratiques dangereuses concernant le transport et le stockage des ammonitrates en France : déchargements dans des ports fluviaux sans aucune précaution de sécurité, stockage dans des zones à fort risque incendie, aucune surveillance des stocks de moindre taille mais également dangereux, etc. Des risques démultipliés par l’addiction de la France à ce type d’engrais. Avec environ 1,5 million de tonnes consommé rien qu’en nitrate d’ammonium haut dosage, la France est l’une des premières consommatrices de l’Union européenne. Or, « ces dangers industriels sont un choix. Nous n’avons pas besoin des nitrates d’ammonium pour l’agriculture », estiment les Amis de la Terre, qui ont lancé une campagne sur le sujet.

« En un demi-siècle, on a multiplié par quatre le rendement du blé ! »

Alors, l’agriculture pourrait-elle se passer des ammonitrates, et même plus largement des engrais azotés de synthèse ? Ils sont après tout interdits en agriculture biologique, de nombreux agriculteurs s’en passent déjà. Pour croître, les plantes ont besoin d’azote. Il peut être apporté par les déjections animales, les légumineuses, le compost… ou par des engrais azotés de synthèse. Leur arrivée a permis de mettre à disposition des plantes de fortes quantités d’azote. La découverte de la réaction chimique permettant de fabriquer ces engrais « est…

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Auteur: Marie Astier (Reporterre) Reporterre