Derrière la fusion Veolia-Suez, le rêve d'un Gafam français

Il faut revenir au milieu des années 2000 pour prendre la mesure du virage stratégique initié par Suez. Elle-même étant confrontée, comme nous l’expliquions dans la première partie à propos de Veolia, à une contestation croissante de la « marchandisation de l’eau » et à la stagnation de ses activités historiques — symbolisées par les marchés désormais matures des grandes concessions de service public.

Première partie : « Veolia-Suez : genèse d’une affaire d’État »

En l’espace de quelques années, la firme, plus que centenaire, modifie, étape par étape, sa stratégie et ses priorités. Au lendemain du Grenelle de l’environnement organisé en 2007 par M. Nicolas Sarkozy, nouveau président de la république, M. Bernard Guirkinger, leader charismatique de la Lyonnaise des eaux, convainc l’ancien président de France nature environnement (FNE) de conclure un partenariat. Le réseau, qui fédère 3 000 associations de défense de l’environnement, va participer à une opération de formation des salariés de la Lyonnaise aux enjeux de la préservation des ressources en eau dans les milieux naturels. Une opération controversée car elle engage la Lyonnaise à financer FNE. Quelques années plus tard, cette « ouverture au grand cycle de l’eau » permet à l’entreprise de développer de nouvelles offres dans un champ jusqu’alors réservé à l’État et à ses établissements publics.

Suez retourne à la source

Dans le but de répondre aux critiques multiformes émanant de la société civile, en France comme à l’étranger, M. Guirkinger recrute Mme Hélène Valade pour engager un véritable reset sociétal de l’image de la firme, qui prend la forme d’une importante opération de relations publiques baptisée « Idées neuves pour l’eau ». Il s’agit notamment de développer les usage de la télérelève des compteurs d’eau. « Parmi les pistes de développement de la…

Auteur: Marc Laimé
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