Derrière la réforme, des retraites au rabais

Le gouvernement entend tirer parti du rapport du Conseil d’orientation des retraites de septembre 2022. Au-delà même du fait que ses projections dépendent d’hypothèses fragiles comme le COR lui-même le reconnaît, ses conclusions ne sont pourtant pas un cri d’alarme sur le financement des retraites. Comment peut-on comprendre ces dernières ? Trois éléments essentiels doivent être portés sur la place publique : l’évolution des retraites au sein d’une économie en crise ; la volonté néolibérale de diminuer les dépenses publiques ; la situation du travail et de l’emploi.

Au fil de ses rapports annuels, le COR a intégré le ralentissement progressif des gains de productivité du travail qui concerne toutes les économies du monde. Les différents scénarios qu’il retient s’échelonnent maintenant entre 0,7 %, 1 %, 1,3 % et 1,6 % de croissance annuelle moyenne. Plus l’augmentation de la productivité est faible, plus la part des pensions dans le PIB a tendance à croître. Cette part est aujourd’hui de 13,8 %. Elle pourrait monter à 14,7 % en 2070 dans l’hypothèse la plus basse de la productivité. Et c’est la hantise du gouvernement qui a sans doute plus ou moins compris que la croissance économique forte ne reviendrait pas.

Or, comme sa volonté première est de diminuer les dépenses publiques, les pensions qui en forment le quart sont la cible toute trouvée. Le gouvernement veut intégrer cette réforme dans sa stratégie d’évolution des dépenses publiques pour satisfaire aux exigences convenues au sein de l’Union européenne. Son « programme de stabilité 2022-2027 » présenté par Bruno Le Maire prévoit que le déficit budgétaire soit ramené à 3 % du PIB en 2027 et que l’augmentation des dépenses publiques en volume ne dépasse pas 0,6 % par an. Mais, sans réforme, la croissance spontanée de la masse des pensions croîtrait de 1,8 % par an sur cette période. C’est plus qu’une hantise, c’est le mal absolu !

Il est loin le temps où les gouvernements promettaient de « sauver les retraites par répartition menacées par l’allongement de l’espérance de vie ». Aujourd’hui, l’espérance de vie ne progresse plus que très faiblement, alors on invente un nouvel argument : les besoins de santé, d’éducation, de transition écologique, etc., sont immenses, il faudrait donc économiser sur les retraites et travailler davantage. Un véritable détournement de fonds ! Et, de toute façon, on voit bien le déni du gouvernement en matière de transition, car…

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Auteur: Christiane Marty, Jean-Marie Harribey , Pierre Khalfa