Derrière le projet Iter, des montagnes de métaux toxiques et de déchets radioactifs

[2/3 Iter, la réalité derrière les promesses de la fusion nucléaire] Iter, le futur réacteur international, se veut la vitrine de la fusion nucléaire, dont les qualités, selon ses promoteurs, surpassent celles de la fission, en usage dans les centrales classiques. Enquête au cœur d’un projet démesuré, aux conséquences sanitaires et environnementales désastreuses.

• Volet 1 : Le futur réacteur nucléaire Iter : un projet titanesque et énergivore

Saint-Paul-lez-Durance (Bouches-du-Rhône), reportage

« Si je viens travailler chaque matin, c’est parce que je crois qu’il n’y a pas d’alternative à la fusion nucléaire pour lutter contre le changement climatique. Il faudra alimenter tout le parc de véhicules électriques, l’éolien et le solaire ne suffiront pas », explique à Reporterre Laban Coblentz, directeur de la communication d’Iter, depuis le bureau vitré qui domine le gigantesque chantier du réacteur expérimental situé dans les Bouches-du-Rhône. En théorie, une réaction de fusion nucléaire ne produit pas de gaz à effet de serre, « le sous-produit principal est l’hélium, un gaz inerte non toxique », selon l’Organisation Iter. Mais dans le scénario le plus optimiste où la réaction de fusion nucléaire serait maîtrisée, une filière de production d’électricité ne verrait le jour qu’après 2070. Pour remplacer les énergies fossiles et espérer contenir l’élévation des températures avant la fin du siècle, il serait trop tard.

Ce problème mis à part, peut-on considérer qu’Iter contribuera à 100 % à la lutte contre le changement climatique, comme l’a justifié dernièrement l’Europe lors de l’affectation de 6,6 milliards d’euros au projet ?

Sur le site Iter de Cadarache, la construction d’une quarantaine de bâtiments monumentaux a déjà nécessité d’excaver 3 millions de mètres cubes de terre, de produire 150 000 m³ de béton, d’installer une ligne THT et un poste électrique de 4 hectares. Pour refroidir les aimants supraconducteurs du réacteur, Air Liquide a bâti sur le site la plus grande usine cryogénique du monde, alimentée avec de l’hélium (produit à partir de méthane) importé du Qatar. Pour réaliser les calculs nécessaires au paramétrage de la réaction de fusion, Iter utilise des supercalculateurs qui, à partir de 2035, généreront chaque jour 2,2 pétaoctets de données, soit l’équivalent de 20 000 disques durs d’ordinateurs grand public — et leur traitement sera d’autant plus énergivore qu’ils nécessiteront…

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Auteur: Celia Izoard Reporterre