Derrière le succès des « prêts garantis par l'État », une bonne affaire pour les grandes banques

136 milliards d’euros. C’est le montant engagé à ce jour sous forme de prêts garantis par l’État (PGE) en soutien à l’économie réelle, chamboulée par la crise sanitaire. Une somme colossale accordée, via les banques commerciales, à plus de 670 000 entreprises, allant de micro-sociétés à des grands groupes comme Renault, Air France ou l’armateur CMA-CGM.

Cette flopée de prêts, délivrés presque sans aucune condition sociale, fiscale ou environnementale, n’est pas accordée à taux négatif comme ceux dont bénéficient les banques elles-mêmes. Si la garantie en cas d’insolvabilité incombe à l’État, les banquiers jouissent des intérêts… en toute sécurité, puisque le risque est assumé in fine par les contribuables.

Surtout, derrière le succès apparent des PGE, des choix politiques lourds ont été pris – notamment celui d’abandonner le sauvetage de l’économie aux mains du secteur financier, dont la responsabilité des crises antérieures a maintes fois été démontrée. Cette délégation prive les pouvoirs publics d’autres leviers d’actions et de la possibilité d’impulser un changement de direction écologique et social. Abreuvés d’argent, les grands groupes n’ont plus besoin de solliciter leurs actionnaires qui évitent ainsi de mettre la main à la poche, pourtant bien garnie.

Un « pont aérien de cash » pour les entreprises

La veille du premier confinement, le président de la République, annonce un gigantesque programme de prêts aux entreprises, dit prêt garanti par l’État (PGE), pour palier la baisse d’activité et répondre aux besoins de trésorerie des acteurs économiques. En moins de 72 heures, le ministère de l’Économie et des Finances (la direction générale du Trésor), la banque publique d’investissement Bpifrance (contrôlée par l’État) et la Fédération bancaire française (FBF) se coordonnent pour définir les règles du jeu et créer une plateforme dédiée.

Le principe est simple : l’État garantit jusqu’à 300 milliards d’euros, soit 15 % du PIB, de prêts que consentent les banques aux entreprises, d’abord jusqu’au 30 juin 2021, puis jusqu’à la fin de l’année 2021. Ce faisant, l’État se porte garant des remboursements à effectuer auprès des banques au cas où l’entreprise se retrouverait dans l’incapacité de les honorer. Ce programme d’emprunt, censé éviter des faillites, est présenté comme un véritable « pont aérien de cash » selon le directeur général de Bpifrance Nicolas Dufourcq. S’il est…

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Auteur: Hélène Crouzillat, Jérôme Duval