Derrière les « biocarburants » pour les avions, un trafic massif d'huile de palme

Les compagnies aériennes raffolent d’huile de friture usagée. Ces dernières années, elles communiquent allégrement sur les vertus de ce déchet alimentaire, qui sert au raffinage du « carburant d’aviation durable » censé offrir au transport aérien un nouvel horizon vert. Ryanair promet ainsi d’en injecter dans les réservoirs de 12 % de ses vols en 2030. Air France fixe la barre à 10 %, en proposant à ses clients — pourquoi se priver ? — de payer plus cherpour voler avec un carburant « soutenable ».

Depuis deux ans, cet élan a créé une véritable ruée vers l’huile de cuisson usagée en Europe, dans des proportions bien supérieures à ce que notre propre consommation alimentaire peut offrir à recycler. C’est donc de Chine, et dans une moindre mesure de Malaisie et d’Indonésie, que proviennent 80 % de ces précieux déchets. Mais ce nouveau commerce, évalué à 7 millions de tonnes en 2023, est soupçonné de servir de porte dérobée à un vaste trafic d’huile de palme, matière en passe d’être bannie en Europe en raison de ses conséquences environnementales désastreuses.

Une collecte trois fois inférieure aux exportations déclarées

Ce trafic présumé est au cœur d’une enquête de la Commission européenne, dont les résultats préliminaires doivent être publiés vendredi 28 juin. Ce mardi 18 juin, une nouvelle expertise étayant les forts soupçons a été rendue publique par l’ONG Transport et environnement (T&E). Avec l’aide du cabinet Stratas Advisors, l’ONG a analysé les données du commerce mondial et démontre que la Malaisie exporte trois fois plus d’huile usagée qu’elle ne déclare en collecter sur son sol. De quoi renforcer l’hypothèse d’une fraude systémique de ce pays connu comme un important producteur d’huile de palme.

Les données publiées par la Chine, qui est de loin le premier exportateur d’huile usagée, sont moins suspectes à première vue. Les…

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Auteur: Erwan Manac’h