Derrière un label de « bonnes pratiques agricoles », des conditions de travail indignes et des affaires de fraudes

C’est un label mondial censé garantir des bonnes pratiques agricoles. Son nom : Global G.A.P. Notre enquête révèle que ce label a été délivré à des exploitations françaises violant les droits les plus élémentaires des travailleurs agricoles. Premier volet de notre investigation en partenariat avec le quotidien allemand Tageszeitung.

Par une très chaude journée de juillet 2011, Elio Maldonado, un travailleur équatorien de 32 ans, s’écroule au fond d’une serre dans les Bouches-du-Rhône. Il n’a pas eu la possibilité de boire depuis plusieurs heures. Les responsables de l’exploitation agricole où travaille Elio n’appellent pas les secours. Au bout d’une heure et demie, ils décident tout de même d’emmener l’homme à l’hôpital. Le trentenaire y décédera quelques heures plus tard de déshydratation.

Cette scène se déroule au Domaine des Sources, une exploitation agricole située à Maillane dans les Bouches-du-Rhône, où sont cultivés des salades, des endives, des tomates et des melons. Depuis, un procès a été intenté par la famille d’Elio Maldonado. Le verdict est tombé en mai dernier après dix ans de procédure : Julian Perez, le responsable de l’exploitation, a été relaxé. L’avocat de la famille a déclaré à Basta ! ne pas avoir eu accès au verdict, la motivation du tribunal n’est donc pas connue. La famille du travailleur a cependant fait appel. Elio Maldonado et ses collègues, la plupart originaires d’Amérique latine et d’Afrique de l’Ouest, étaient embauchés via une entreprise d’intérim espagnole, Terra Fecundis. Au moins sept procédures visent cette entreprise, l’une des plus importantes pour le secteur agricole français. Ces procédures sont regroupées au sein de la juridiction interrégionale spécialisée de Marseille, chargée des grosses affaires de délinquance et de criminalité organisées en matière économique et financière.

« Travail dissimulé en bande organisée et blanchiment »

Terra Fecundis est accusée de travail dissimulé en bande organisée, marchandage en bande organisée et blanchiment – la procédure est en cours –, et se retrouve aussi au cœur d’une affaire de fraude à la sécurité sociale. La CPAM accuse l’entreprise d’intérim d’un manque à gagner pour les caisses publiques de 112 millions d’euros. Après avoir été reporté, ce procès se tiendra du 17 au 21 mai 2021 au tribunal correctionnel de Marseille.

Mis à part le placement de travailleurs intérimaires, quel est le lien entre le Domaine des Sources et…

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Auteur: Hélène Servel, Pascale Müller