Une vie au service de l’agriculture
Il est des yeux qui sourient. Ceux de Dominique Emeriau sont de ceux-là. Né dans la commune de Montrevault-sur-Èvre, dans le Maine-et-Loire, il y a 69 ans, le Maugeois y a travaillé jusqu’en 2016 au sein de l’exploitation agricole familiale. Quarante-et-un an de polyculture-élevage, aux côtés de ses parents d’abord puis de certains de ses frères, sur une exploitation passée au fil des ans de 10 à 140 hectares. Quarante ans en agriculture « conventionnelle », aussi, autrement dit qui recourt aux produits chimiques.
« Au tout début on utilisait des pesticides, mais on sous-traitait, rembobine Dominique Emeriau, attablé dans sa cuisine, pour La Relève et La Peste. Puis dans les années 80, on s’est équipés et on s’est mis à faire les traitements nous-mêmes. »
Des traitements aux pesticides pour les cultures fourragères destinées aux vaches laitières de l’exploitation, mais aussi pour désinfecter les poulaillers, l’exploitation comptant aussi des volailles.
« A ce moment-là, on ne savait pas que cela pouvait causer des problèmes, personne ne parlait de bio, poursuit l’agriculteur pour La Relève et La Peste. Et puis il faut bien dire ce qui est, c’était tellement pratique… »
Le cancer de la prostate reconnu comme maladie professionnelle
La soixantaine entamée, pourtant, le diagnostic tombe. Dominique Emeriau est atteint d’un cancer de la prostate. Une situation qui, pour un ancien agriculteur exposé aux pesticides, n’a rien d’un cas isolé. Face au nombre croissant de professionnels agricoles atteints d’un cancer de la prostate, ce cancer a été reconnu officiellement comme maladie professionnelle en 2021.
« Pourtant, au début, personne ne m’a parlé du lien qu’il pouvait y avoir entre pesticides et cancer de la prostate, constate l’ancien…
Auteur: Cecile Massin