Des apiculteurs au secours de l'abeille noire, vieille d'un million d'années

« Il n’existe plus que très peu de colonies d’abeilles noires vivant de manière pérenne à l’état sauvage, écrit l’apiculteur Yves Élie, fort d’un comptage scientifique dans sa vallée pourtant protégée. Cette même vallée où, quarante ans plus tôt presque chaque arbre creux abritait un essaim, est désormais vide d’abeilles noires vivant à l’état sauvage. »

Pour les protéger, Chantal Jean et Yves Élie, apiculteurs, ont créé la Vallée de l’abeille noire, un territoire de vingt hectares à Pont-de-Montvert, dans le Parc national des Cévennes. C’est aussi le titre du livre d’Yves Élie, publié chez Actes Sud : un texte poétique où il raconte leur expérience et où se mêlent histoire, science et philosophie.

L’histoire a commencé dans les années 2000 quand Yves Élie est revenu dans ses Cévennes natales après avoir tourné un documentaire sur les mortalités d’abeilles dues aux pesticides — il était alors réalisateur. L’occasion de s’intéresser à l’abeille noire et à l’apiculture traditionnelle survivant dans la région. Il a arpenté la montagne à la recherche des ruchers-troncs typiques de la Lozère — un ensemble de ruches creusées dans des troncs de châtaigniers — disposés dans des amphithéâtres, parfois de très grande taille, aménagés par les humains en pleine nature.

L’abeille noire est présente des Pyrénées à la Scandinavie depuis un million d’années. © L’Arbre aux abeilles

Le rucher-tronc est un spectacle en soi : les ruches, leur disposition, les sites choisis.

« Dans les Cévennes, le rucher-tronc accueillant sur ses gradins des dizaines de ruches-troncs rappelle l’architecture du théâtre antique », écrit Yves Élie. Et dans cette disposition, tout concourt au bien-être des abeilles : l’ensoleillement, la protection du vent qui facilite l’envol et le retour à la ruche, la protection de l’humidité. Les abeilles ont prospéré pendant des siècles dans ces ruchers naturels. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Dans L’arbre aux abeilles, un autre documentaire tourné par l’auteur en 2005, un doyen de son village lui enseignait comment fabriquer ces ruches et y élever les abeilles. Le documentariste a été vite attiré par ces pratiques ancestrales, et les relations très singulières qu’elles créent entre l’humain, l’abeille et la nature. Sa compagne et lui sont donc devenus, à leur tour, apiculteurs. Que se passerait-il s’ils reprenaient ce mode d’élevage antique et le transposaient à des…

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Auteur: Reporterre