Des compétitions sportives plus écolos, c'est possible ?

Dans un monde bouleversé par le changement climatique, est-il toujours souhaitable d’organiser de grandes compétitions sportives ? Avant la Coupe du monde au Qatar, Reporterre a mené l’enquête. [2/2].


Déplacements massifs en avion, pistes de ski au milieu du désert, jardins rasés pour construire des piscines olympiques… Les grandes compétitions sportives aggravent la crise écologique. « Organiser des évènements qui génèrent autant d’empreinte carbone et de destruction, ce n’est plus possible », assure l’économiste du sport Christophe Lepetit. Alors, on fait quoi maintenant ? Des pistes existent pour ramener la Coupe à la raison : compensation carbone, décroissance ou arrêt pur et simple. Reporterre les passe au crible.

1 — La compensation carbone, un « écran de fumée »

Jeux olympiques, Coupes du monde, tours cyclistes, tournois de tennis… Les organisateurs le promettent tous : leur compétition serait « neutre en carbone ». En clair, les émissions de gaz à effet de serre des tournois seraient intégralement compensées en soutenant des programmes de réduction ou de séquestration de CO2. Les Jeux olympiques 2024 à Paris se veulent même « à contribution positive pour le climat ». « Les décideurs, comme le CIO ou la Fifa, sont des rassuristes technophiles : ils pensent pouvoir maintenir des organisations gigantesques en achetant des droits à polluer », analyse Pierre Rondeau, économiste du sport.

« Ils achètent des droits à polluer »

Pourtant, l’efficacité de ces programmes n’est pas garantie. Comme l’a montré un rapport de l’ONG belge Carbon Market Watch pour la Coupe du monde au Qatar, ils relèvent du greenwashing : la Fifa a sous-estimé ses émissions, et le petit émirat a créé son propre standard de crédit carbone, pour faire passer des projets aux retombées douteuses.

Des abus possibles avant tout parce que ce concept reste très flou : « La neutralité carbone n’est définie nulle part dans le droit, expliquait à Reporterre Me Arnaud Gossement, avocat spécialiste en droit de l’environnement. Pas même dans l’Accord de Paris sur le climat. L’article 4 de l’accord ne crée qu’une sorte d’obligation de reporting [communication de données] entre les États, pas quelque chose que vous pouvez invoquer devant un tribunal. »

Jérôme Santolini, coordinateur du collectif Scientifiques en rébellion, n’hésite pas à parler de « leurre » permettant aux instances sportives de continuer à polluer. Pour le chercheur, prétendre…

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Auteur: Alexandre-Reza Kokabi Reporterre