Un rapport sur la gestion des « indésirables » à Paris et en petite couronne est publié ce 9 avril avec le soutien de la Défenseure des droits. L’étude est notamment basée sur un dossier judiciaire de l’IGPN sur les pratiques et consignes données aux policiers dans le 12e arrondissement de Paris, ainsi que sur 44 entretiens avec des jeunes multi-verbalisés et multi-contrôlés, dont la majorité vit dans différents quartiers parisiens (s’y ajoutent cinq de banlieue parisienne).
Les deux autrices, Magda Boutros, enseignante-chercheuse en sociologie au Centre de recherche sur les inégalités sociales (Cris) à Sciences Po, et Aline Daillère, chargée de recherche au Cris et doctorante au Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (Cesdip), le détaillent pour Basta!.
Basta! : Votre rapport pour la Défenseure des droits montre l’existence, en région parisienne, d’une catégorie de la population vue comme n’ayant pas le même droit à être présent dans l’espace public que les autres. Qui sont-ils ?
Magda Boutros : Le rapport montre qu’il existe une politique, mise en œuvre principalement par la police mais aussi par certaines municipalités, de gestion de l’espace public par le biais de ce que les policiers appellent des « évictions des indésirables ». Nous avons essayé de comprendre du point de vue de l’institution policière qui sont ces personnes cataloguées de manière officielle dans les logiciels de mains courantes comme « indésirables » par la police.
Magda Boutros Enseignante-chercheuse en sociologie au Centre de recherche sur les inégalités sociales (Cris) à Sciences Po
Ce qui ressort très clairement de nos terrains d’enquête, dans différents quartiers du nord et de l’est de Paris et de petite couronne, c’est que ce sont des personnes qui ont pour point commun d’être plutôt jeunes (entre environ 14 ans et le début de la vingtaine),…
Auteur: Emma Bougerol