C’est un petite musique récurrente, quasi-systématique désormais dans les prises de paroles d’un Bardella ou d’une Le Pen, mais aussi de leurs lieutenants, mais aussi des commentateurs autorisés qui, une nouvelle fois, reprennent en guise d’analyse les éléments de langage que lui adresse le parti fasciste). Une petite musique et des éléments de langage qu’on retrouve sans surprise dans les enquêtes auprès de l’électorat qui, pour le coup, apprend bien. Pas vraiment nouvelle de ce côté-là de l’échiquier politique, la dénonciation de la morale mais aussi, plus spécifiquement, des « leçons » et des « donneurs de leçons » est en revanche devenue comme jamais omniprésente et incontestée, en d’autres termes hégémonique, à un point qui mérite qu’on s’y arrête.
Il serait plus que temps, y compris dans nos rangs et entre nous (au sens le plus large que ce nous peut avoir en l’occurrence : à gauche, et même au-delà chez tous les démocrates soucieux d’un minimum d’humanité, d’ordre et de paix dans le vivre-ensemble), dans les prises de parole publique comme dans la réflexion stratégique en interne, de déconstruire radicalement cet élément de langage à visée péjorative (et qui constitue en lui-même une leçon).
La dénonciation indignée ou ricanante des « leçons » et de ceux qui les « donnent » est en effet centrale dans le narratif et la stratégie de séduction RN, et la déconstruire signifie concrètement : ne pas laisser passer, ne pas laisser prononcer cette formule – « donner des leçons » – sans couper la parole, pour rappeler que :
1. L’expression d’un jugement différent voire opposé est ni plus ni moins une leçon que l’expression de son propre jugement, et si par conséquent Bardella n’aime pas les leçons en général, et en particulier qu’on dise aux gens pour qui ou contre qui voter, ledit Bardella doit commencer par se…
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Auteur: Pierre Tevanian