Des migrants crèvent de froid aux portes de Paris, et l'État ne fait rien

Le Pré solidaire et Pantin solidaire sont des collectifs d’habitants auto-organisés qui apportent leur soutien aux exilés du Pré-Saint-Gervais et de Pantin.


En ce début décembre, alors que les températures s’approchent de zéro, des centaines d’exilé·es s’entassent aux portes de Paris. À l’entrée de la Seine-Saint-Denis, du Pré-Saint-Gervais, de Pantin et de la Villette, ces femmes, enceintes parfois, ces hommes, ces enfants survivent sans eau potable, sans protection contre le froid, sans nourriture. Chaque jour, ils changent de place, effrayés par les patrouilles policières. Se cachent dans des buissons, dans des tunnels, sous les ponts, où ils peuvent. Impossible de s’aménager un endroit confortable, de protéger ses enfants.

Ils viennent d’Afghanistan, d’Irak, de Somalie, d’Érythrée, de Côte d’Ivoire, du Maroc, d’Algérie… Ils fuient les guerres, la misère, de plus en plus liées aux transformations écologiques et aux politiques extractivistes occidentales. M. Reza, par exemple, a fui l’Iran avec femme et enfants pour échapper à l’étau meurtrier d’un régime liberticide et d’un odieux embargo économique. Effrayés par la mort en mer de vingt-sept migrant·es le 24 novembre dernier, lui et sa famille ont renoncé à une traversée vers l’Angleterre, où ils ont de proches parents. Aujourd’hui, ils dorment dans le tunnel séparant la capitale du Pré-Saint-Gervais, en attendant de pouvoir financer tests PCR et billets de train pour rejoindre Stuttgart, où vivent d’autres de leurs proches.

Il y a aussi Drissa, un jeune Ivoirien, probablement encore mineur. Ruinés par la désertification, ses parents agriculteurs l’ont envoyé travailler à Abidjan, où il est devenu le serf d’une famille peu scrupuleuse. Il a alors décidé de fuir vers l’Europe. Un voyage de deux ans, au cours duquel il aura vécu les affres de l’esclavage en Libye et la très dangereuse traversée méditerranéenne.

« Nous avons honte, et c’est insupportable »

On pourrait continuer longtemps, raconter les destins dramatiques et les manquements aux droits fondamentaux dont la France se rend coupable. Car, depuis que ces exilés sont ici, aux portes de la capitale, ils sont dans l’abandon le plus complet. Ils ne reçoivent aucune aide sanitaire, alimentaire, administrative de l’État ou des mairies. Certains n’ont d’autre moyen pour s’exprimer que leur langue d’origine (l’arabe, le pachtoune, etc.), la plupart ne savent pas comment joindre les services administratifs pour demander un…

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Auteur: Reporterre